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LE MÉNESTREL

idées, de mauvais plaisants prétendirent que si les paroles étaient de Milcent, la musique était de cent mille. — 1847. À l’Opéra-Comique, première représentation de la Cachette, de M. Ernest Boulanger, qui, toujours vert et vigoureux, pourra célébrer familialement, l’an prochain, ce cinquantième anniversaire.

11 août — ???

12 août. — 1826. Première représentation, à l’Opéra-Comique, de Marie, d’Herold, l’un de ses trois chefs-d’œuvre, dont l’existence s’est arrêtée à 393 représentations. — 1859. Au même théâtre, apparition du Voyage de ma chambre, d’Albert Grisar.

13 août. — 1780. Au théâtre San Carlo, de Naples, première représentation, d’Armida abbandonata, opéra de Jomelli. — 1782. Au même théâtre, Oreste, de Cimarosa. — 1785. Au même théâtre, Lucio Vero, de Sacchini. — 1838. À Londres, apparition de the Devil’s opera (l’Opéra du diable), de Macfarren.

14 août. — 1744. Première représentation à l’Opéra des Fêtes de Thalie, opéra-ballet de Mouret, que ses contemporains avaient si bien surnommé « le musicien des grâces ». — 1775. La Comédie-Italienne offre pour la première fois à son public la Belle Arsène, opéra-comique de Monsigny et l’un de ses plus charmants ouvrages. — 1814. À la Scala de Milan, première représentation d’il Turco in Italia, opéra bouffe de Rossini, joué par David, Galli, Pacini et la Festia-Maffei.

15 août. — 1810. Au théâtre San Carlo, de Naples, premières représentation de Marco Albino in Siria, opéra sérieux de Tritto.

16 août. — 1873. Première exécution avec un immense succès, à Anvers, d’un grand oratorio de M. Peter Benoit intitulé de Oorlog (la Guerre).

17 août. — 1822. À l’Opéra-Comique, première représentation du Solitaire, de Carafa,

C’est le solitaire,
Qui voit tout,
Qui sait tout,
Entends tout,
Est partout,

un des brillants succès de l’époque.

18 août. — 1811. Première représentation à la Scala, de Milan, de la Casa dell’astrologo, opéra bouffe de Nicolini.

19 août. — 1819. Au théâtre San Carlo, de Naples, première représentation de l’Apoteosi d’Ercole, opéra sérieux de Mercadante.

20 août. — 1768. — À la Comédie-Italienne, première représentation du Huron, opéra-comique de Grétry, joué par Clairval, Caillot, Laruette et Mme Laruette. C’était le début fort heureux du compositeur, dont le succès fut complet, à ce point que dès le lendemain même un marchand de tabac avait pris pour enseigne le titre de sa pièce. C’est lui-même qui le raconte dans ses Mémoires : « … Je sortis avec mon ami ; il me conduisit dans une petite rue derrière la Comédie-Italienne ; puis m’arrêtant vis à vis d’une boutique, je vis : Au grand Huron, N… marchant de tabac. J’entrai, j’en pris une livre, parce que je le trouvai, comme de raison, meilleure que partout ailleurs. » — 1828. À l’Opéra, le Comte Ory, de Rossini, adaptation, amplification et transformation du Viaggio a Reims, opéra italien de circonstance qu’il avait écrit à l’occasion du sacre de Charles x et qui avait été joué au Théâtre-Italien, le 19 juin 1825. Le Comte Ory a atteint le chiffre respectable de 373 représentations. — 1852. Au théâtre de Bade, apparition d’Érostrate, opéra de M. Ernest Reyer.

21 août. — 1827. À l’Odéon, première représentation des Deux Figaros, opéra-comique de Carafa et Victor Tirpenne.

22 août. — 1761. Première représentation, à la Comédie-Italienne, du Maréchal ferrant, opéra-comique en deux actes de Philidor, ouvrage excellent, plein de verve et d’une inspiration chaude, dont le succès éclatant se traduisit par une série de 200 représentations. Le rôle principal était joué d’une façon remarquable par l’excellent Laruette, qui n’était pas seulement un comédie de premier ordre, mais aussi un compositeur habile à qui l’on doit la musique d’une dizaine d’opéras-comiques.

23 août. — 1735. À l’Opéra, première représentation des Indes galantes « ballet héroïque » de Rameau, joué par Jélyotte, Chassé, Dun, Tribou, Mlles Tremans, Pélissier, Petitpas et Bourbonnais. — 1790. À la Comédie-Italienne, les Rigueurs du cloître, opéra-comique de Berton. — 1794. À l’Opéra. Denys le tyran, maître d’école à Corinthe, de Grétry. — 1801. Au même théâtre, les Mystères d’Isis, adaptation, déformation et profanation, par les soins du nommé Lachnith, du chef-d’œuvre de Mozart connu depuis lors sous le titre de la Flûte enchantée. — 1837. À l’Opéra-Comique, apparition de la Double Échelle, d’Ambroise Thomas.

24 août. — 1838. Première représentation, à l’Opéra-Comique, de la Figurante ou l’Amour et la Danse, premier ouvrage de Clapisson. — 1842. Au théâtre royal de Dresde, 100e représentation du Freischütz, de Weber.

25 août. — 1846. Première exécution à Birmingham d’Élie, oratorio de Mendelssohn. — 1848. Première audition, à l’Opéra, de l’Eden, « mystère » en deux parties, de Félicien David. Les personnages étaient représentés par Poultier (Adam), Alizard (Lucifer), Portéhaut (le démon de la tentation) et Mlle Grimm (Ève).

26 août. — 1783. Première représentation, à l’Opéra, d’Alexandre aux Indes, de Lefroid de Méreaux.

27 août. — 1848. Au même théâtre, apparition de Pygmalion, opéra-ballet en un acte de Rameau. Ce charmant petit ouvrage obtint un tel succès qu’il se maintint pendant près de quarante ans au répertoire et réunit un chiffre de près de 200 représentations.

28 août. — 1850. Au théâtre grand-ducal de Weimar, par les soins et sous la direction de Liszt, première représentation de Lohengrin, de Richard Wagner. L’auteur, on le sait, avait dû alors se refugier en Suisse, à la suite de la part trop active qu’il avait prise au mouvement révolutionnaire de Dresde et qui avait fait mettre la police à ses trousses.

29 août. — 1786. Première représentation, à l’Opéra, de la Toison d’or, de Vogel.

30 août. — 1856. À Crémone, première représentation d’i Promessi Sposi (les Fiancés), opéra de Ponchielli, dont le livret était tiré du célèbre et délicieux roman de Manzoni, qui porte ce titre. Ponchielli, alors complètement obscur, était simple chef de la bande municipale de Crémone. I Promessi Sposi était son premier ouvrage, et cet ouvrage, non plus que deux ou trois autres qu’il fit représenter ensuite, n’avait pas réussi à le faire sortir de son obscurité, lorsqu’il eut la chance de le faire accepter par le théâtre Dal Verme, qui venait de s’ouvrir à Milan, en concurrence de la Scala. Il remania sa partition, et ses Promessi Sposi, représentés sur le nouveau théâtre le 5 septembre 1872, obtinrent un succès éclatant qui décida de la suite de sa carrière. — 1866. À l’Opéra-Comique, 300e représentation d’Haydée, l’ouvrage le plus remarquable de la dernière manière d’Auber et l’un des plus intéressants de tout son répertoire.

31 août. — 1856. Dans la cathédrale de Gran, première exécution de la messe solennelle de Liszt, connue sous le nom de Messe de Gran, l’une des œuvres les plus puissantes, les plus grandioses et les plus majestueuse du maître.

Je n’ai fait ici qu’esquisser le tableau d’éphémérides dont je parlais au début de cet article. Mais on voit, par ce simple essai d’une nomenclature forcément bien incomplète, que le mois d’août n’a pas été, dans le passé, l’un des moins productifs du calendrier au point de vue musical, et que sous ce rapport, il tient fort honorablement sa place dans l’histoire. Il est infiniment probable qu’il n’en sera plus tout à fait de même à l’avenir, le chômage général des théâtres à l’époque où il vient périodiquement prendre sa place dans le monde se réduisant d’année en année à une portion plus congrue.

Arthur Pougin.

MUSIQUE ET PRISON


PRISONS RÉVOLUTIONNAIRES

ii

(Suite)

Chez certains, cependant, le détachement de la vie ne se faisait pas sans un retour mélancolique vers les jours heureux déjà lointains, mais qui auraient pu avoir des lendemains ; et alors on comprend cette belle et touchante romance qu’adressait à la bien-aimée un autre martyr de la Conciergerie, Nicolas Montjourdain, commandant du bataillon de la section Poissonnière :

Air du Vaudeville de la Soirée orageuse.

L’heure avance où je vais mourir,
L’heure avance et la mort m’appelle ;
Je n’ai point de lâche désir,
Je ne fuirai point devant elle,
Je meurs plein de foi, plein d’honneur ;
Mais je laisse ma douce amie
Dans le veuvage et la douleur.
Ah ! je dois regretter la vie.

Demain, mes yeux inanimés
Ne s’ouvriront plus sur tes charmes ;
Tes beaux yeux à l’amour fermés,
Demain seront noyés de larmes.