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LE MÉNESTREL

versaire de sa fondation. Au cours de la séance on entendra une cantate inédite, paroles de M. Frédéric Bataille et musique de M. Émile Bourgeois, dont l’exécution a été confiée à M. Mondaud, de l’Opéra-Comique, aux chœurs Chevé du 10e arrondissement, à un orchestre à cordes spécialement choisi parmi les meilleurs artistes de l’Opéra et de l’Opéra-Comique et à la musique de la garde républicaine.

— On a annoncé récemment que les régiments dits régionaux (Nos 144 à 169), de formation récente, jusqu’ici dépourvus de musique, allaient en recevoir une. Voici les mesures prises à ce sujet par le ministre de la guerre. Les musiques des régiments subdivisionnaires (1 à 144) ne comporteront que 34 musiciens au lieu de 38 ; elles conserveront leurs 24 élèves, dont 4 rempliront les fonctions de musiciens ; les réductions prescrites auront lieu par extinction. Chaque régiment subdivisionnaires passera, d’après un tableau de répartition envoyé aux corps d’armée, quatre instruments bons à un régiment régional qui pourra ainsi organiser sa musique sans grandes dépenses. Les régiments régionaux, dont plusieurs possèdent déjà des fanfares, donneront à leurs musiques le même effectif que celui indiqué pour les musiques subdivisionnaires, en prenant tout d’abord les exécutants dont ils disposent actuellement. Puis, les chefs de corps s’efforceront de compléter le nombre de leurs musiciens avec des engagés de quatre ou cinq ans. Si ce mode de recrutement ne suffit pas, le commandant de corps d’armée pourra faire passer des régiments subdivisionnaires aux régiments régionaux les instrumentistes que les premiers auraient en excédent. On recourra même au ministre en cas de difficultés. À partir de 1896, les régiments régionaux recevront, comme les autres, des recrues connaissant la musique et toucheront leur prime mensuelle augmentée de 415 francs.

M. Landrin, conseiller municipal, en prévision de la fin prochaine du bail du théâtre du Châtelet, a déposé sur le bureau du conseil une proposition tendant à la création d’une théâtre populaire municipal. M. Landrin estime que le théâtre du Châtelet, avec sa vaste scène si bien agencée, sa salle pouvant contenir trois mille six cents spectateurs, ce qui permet de mettre le prix des places à la portée de tous, est tout désigné pour cette tentative. La musique serait naturellement de la partie, à côté du grand drame populaire.

— On sait que le jury du concours de la ville de Paris procède d’abord, dans ses travaux, par élimination préalable des œuvres qu’il juge immédiatement insuffisantes. Il a donc, dès ses premières séances, écarté tous les manuscrits qui lui semblaient dans ces conditions et n’a, dit-on, conservé que quatre partitions pour son examen détaillé et définitif ; l’une a pour auteur M. Silver, prix de Rome, la Belle au bois dormant, une autre M. Lucien Lambert (le Spahi, poème tiré du roman de Pierre Loti par M. André Alexandre), et les deux autres sont anonymes. Ces deux dernières ont pour titres Sextus et la Mort de Moïna.

— Voici les dates qui sont fixées pour les prochains concours de fin d’année au Conservatoire :

concours à huis-clos

Lundi 29 juin. — Harmonie (hommes).

Mardi 30 juin. — Solfège chanteurs.

Mercredi 1er juillet. — Solfège chanteurs.

Jeudi 2. — Solfège instrumentistes.

Vendredi 3. — Solfège instrumentistes.

Samedi 4. — Piano, classes préparatoires (hommes).

Lundi 6. — Harmonie (femmes).

Mardi 7. — Fugue.

Mercredi 8. — Piano, classes préparatoires (femmes).

Jeudi 9. — Violon, classes préparatoires.

Vendredi 10. — Orgue.

Samedi 11. — Accompagnement au piano.

concours public

Lundi 20 juillet, à 9 heures. — Contrebasse, alto, violoncelle.

Mardi 21, à 1 heure. — Chant (hommes).

Mercredi 22, à 1 heure. — Chant (femmes).

Jeudi 23, à 10 heures. — Harpe, piano (femmes).

Vendredi 24, à 9 heures. — Tragédie, comédie.

Samedi 25, à 1 heure. — Opéra-Comique.

Lundi 27 à midi. — Piano (hommes).

Mardi 28, à midi. — Violon.

Mercredi 29, à 1 heure. — Opéra.

Jeudi 30, à midi. — Flûte, hautbois, clarinette, basson.

Vendredi 31, à midi. — Cor, cornet à pistons, trompette et trombone.

On remarquera ici une nouveauté, le concours d’alto, placé entre ceux de contrebasse et de violoncelle. Ce concours a lieu pour la première fois. On sait que la classe d’alto est de création récente, et qu’elle est aux mains de M. Laforge, un des plus brillants premiers prix de violon du Conservatoire.

M. Van Dyck a continué le cours de ses belles soirées à l’Opéra avec Tannhäuser, où son succès n’a pas été moins grand que dans Lohengrin. Quel bel art simple et sobre !

Mlle Berthet, au même théâtre, a pris la succession de Mme Melba dans Hamlet. La gracieuse artiste, très en forme et très en voix, y a été des mieux accueillies.

— À l’Opéra, les décors des Huguenots sont entièrement prêts. Cependant l’ouvre de Meyerbeer ne reparaîtra pas sur l’affiche de l’Académie nationale de musique avant l’automne prochain. Le ténor Alvarez chantera pour la première fois le rôle de Raoul de Nangis et Mlle Bréval celui de Valentine de Saint-Bris. Les rôles du comte de Nevers et de Saint-Bris seront chantés par MM. Renaud et Delmas. Attendons-nous à de belles recettes. On continue aussi à se préoccuper de la reprise du Don Juan de Mozart, pour laquelle tout le matériel, décors et costumes, sera entièrement refait.

— L’excellent ténor Lafarge vient de signer un engagement avec l’Opéra. Il répète tous les jours le Tannhäuser, pour y débuter probablement après le départ de M. Van Dyck.

M. Gailhard est parti pour Londres cette semaine. Le directeur de l’Opéra s’est rendu dans cette ville, afin d’examiner le mode d’éclairage employé à l’Empire-Theatre et au Savoy-Theatre. Depuis l’accident survenu au lustre de l’Opéra, l’administration des beaux-arts, aussi bien que l’administration de l’Académie de musique, s’étaient préoccupées d’en prévenir le retour et elles avaient songé à adopter pour l’Opéra le système de Londres, qui consiste en une grande ampoule en verre, renfermant la lampe Edison et qui descend de trois ou quatre mètres au-dessous du plafond. Cette ampoule est fixe et appuyée par un large rebord armé sur le plancher supérieur que supportent des poutres métalliques. Le poids de cet appareil est de 5 à 600 kilos, et ce système semblerait le plus sûr contre les accidents.

— L’Opéra-Comique fera, comme tous les ans, sa clôture annuelle le 30 juin. Donc, en cette dernière semaine, seront encore données deux représentations d’Orphée, sans compter la « première » de la Femme de Claude et la reprise de Don Pasquale. Aux derniers, les bons.

Mme Ambroise Thomas, très souffrante, n’avait pu songer encore à quitter les appartements du Conservatoire. Mais, se trouvant à présent en meilleure santé, elle prend les mesures nécessaires pour transporter bientôt ses pénates au quartier des Champs-Élysées. Le nouveau directeur, M. Théodore Dubois, ne compte pas cependant prendre possession du local avant le mois d’octobre prochain.

— Le jubilé de M. Saint-Saëns a été célébré une seconde fois, d’une façon plus intime que la première, dans une matinée donnée le 12 juin chez M. Gigout, et exclusivement consacrée à l’audition des œuvres du maître. M. Gigout, qui se vante fort justement d’être élève de M. Saint-Saëns et d’avoir appris de lui, en suivant jadis ses offices de la Madeleine, l’art d’improviser avait convié ses propres élèves à lui faire honneur en lui faisant entendre plusieurs de ses belles compositions d’orgue, parmi lesquelles les plus récentes. C’est ainsi que Mlle Germaine Moutier a exécuté trois préludes et fugues (dédiés à MM. Widor, Guilmant et Gigout) d’un très bel effet, M. Joseph Deniau une fort belle fantaisie (op. 101) non encore entendue, Mlle Ziegler trois rhapsodies sur des cantiques bretons, dont l’effet aussi a été considérable. Ces jeunes gens, et aussi MM. Joseph Rousse, Levatois, Paul Verdeau, Aymé Kunc, ont vraiment prouvé qu’ils font honneur à l’enseignement de M. Gigout. Mlle Éléonare Blanc, MM. Clément et Badiali de l’Opéra-Comique ont fait entendre ensuite divers morceaux de chant de M. Saint-Saëns, ces deux derniers, entre autres, un bien joli duo intitulé Vénus, absolument nouveau, et pour lequel le musicien s’est fait lui-même son poète. Enfin, M. Saint-Saëns a voulu prendre une part personnelle à la fête en exécutant avec M. Albert Geloso, qui l’a merveilleusement secondé, sa super sonate op. 75, qui lui a valu un véritable triomphe. Pour les personnes qui avaient assisté au concert du jubilé de Saint-Saëns, cette séance complétait l’impression produite par le génie du maître en les familiarisant avec ses remarquables compositions d’orgue, qui ne le cèdent en rien à ce qu’il a écrit de plus beau dans tous les genres.

— Le festival Augusta Holmès, organisé à l’Exposition de Rouen, a merveilleusement réussi. Ludus pro patria, Au Pays bleu, les Argonautes, Irlande, ont été très bien accueillis, avec Mlle Bourgeois et M. Courtois, de l’Opéra, et M. Albert Lambert fils (le récitant du Ludus pro patria) pour interprètes. L’orchestre et les chœurs, dirigés par M. Brument, se sont distingués, et la salle tout entière a fait à l’auteur, à la fin comme entre les deux parties de ce beau concert, de belles ovations.

— Les Chanteurs de Saint-Gervais exécuteront à Saint-Gervais, aujourd’hui dimanche, à 10 heures, pour la fête patronale, un office entièrement composé d’œuvres choisies du grand maître espagnol du XVIe siècle, T. L. da Vittoria, et notamment la messe Quarti toni, qui compte parmi les plus belles du maître. L’orgue sera tenu par M. E. Lacroix, qui exécutera plusieurs versets de vieil organiste espagnol Cabeson.

— Vient de paraître chez Charpentier et Fasquelle, en une élégante plaquette illustrée, la charmante comédie en vers d’Edouard Noël, Attendez-moi sous l’orgue, qui fut représentée cet hiver avec un vif succès au Cercle militaire.

Mlle Paulette Baldocchi, la charmante élève de Mme Colonne, si applaudie au concert que l’éminent professeur a donné récemment au bénéfice de l’Orphelinat des Arts, vient d’être engagée par le directeur du théâtre d’Alger pour y chanter Carmen, Mignon, etc.

— L’inauguration des concerts d’orgue à l’exposition de Rouen, par M. Alexandre Guilmant, a été un grand succès. Le savant organiste, par