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procurées ses chutes, il s’élança une cinquième fois dans les porte-haubans, parvint à couper les cordages et le grand mât, avec le secours de son frère, qui ne le quitta pas d'un seul instant.

Le grand mât coupé, le navire se redressa et arriva vent arrière ; alors une partie de l’équipage fut à son secours pour couper le restant des cordages, afin de débarrasser le mât qui était à la traîne ; dégagé de sa mâture, le navire gouverna bien.

La journée du 21 fut encore affreuse, ventant à faire trembler, la mer terrible, courant le navire de l'avant à l’arrière, attendant à chaque instant d’être englouti ; ils restèrent dans cette déplorable situation pendant quarante-huit heures à fuir devant le temps, sans pouvoir faire servir un morceau de toile, qui était enlevé aussitôt qu’on l’avait dévergué. Les malheureux anglais qui avaient été sauvés, ne pouvaient se lasser d’admirer le sang-froid et le courage du capitaine Maugens, ainsi que les bonnes qualités du Landais, qui venait de les sauver une seconde fois d'une mort presque certaine.

Quatre jours après, le beau temps étant venu, l’équipage travailla une huitaine à installer des mâts, des cordes et des voiles pour continuer sa route ; étant alors à 800 lieues de France, ils ont été visités par un pirate colombien qui, voyant leur état de détresse, ne leur fit aucun mal.

Depuis ces événemens ils ont reçu trois coups de vent ; celui du 13 octobre notamment leur fit encore beaucoup de mal ; il défonça une partie des pavois de tribord et bâbord.

Le 20 du même mois, ils rencontrèrent un navire de Hambourg, où ils embarquèrent, selon leur désir, deux des naufragés, le capitaine et le second.

En vue de Cordouan, au moment d’entrer en rivière de Bordeaux, le vent ayant passé au sud, forte brise, ayant apparence du mauvais temps, il a été obligé de relâcher dans les Pertuits pour sauver le navire et la cargaison. Il a été contrarié pendant trente jours, étant constamment à cinquante lieues de Bordeaux, manquant presque de tous vivres et voulant relâcher à Lorient, qu’il avait en vue ; mais le vent l’ayant contrarié, il fit route pour Bordeaux. N’ayant pu entrer, il a relâché dans les Pertuits dans un état déplorable, ayant perdu dans les cinq coups de vents les objets ci-après :

Son grand mât, tout son gréément, voilures, deux misaines, tous les focs, deux perroquets, la brigantine, les gréemens, la cornette, le guy, deux huniers, toutes les bonnettes ; le reste du gréément hors de service. Le navire fait beaucoup d'eau depuis le jour où il a démâté.

Les deux derniers coups de vents lui ont enlevé le porte-manteau, six pièces à eau, les cages à poules, les charnières, le banc de cuisine, la guérite de la cuisine, lui ont défoncé les pavois de tribord et bâbord, enfin l'ont mis dans un état désastreux.

Telle est la relation succincte des événemens survenus au Landais, dans son voyage de la Guadeloupe aux Pertuits, dans laquelle on ne peut s'empêcher d'admirer la conduite, le cœur généreux du capitaine Maugens. Espérons que ce dévoûment ne sera pas oublié !




Gibraltar , 50 octobre. — Etat sanitaire de la place de Gibraltar , le 24 oc- tobre : 917 malades 21 morts ; le 25 , 905 malades 19 morts; le 26, 867 ma- lades 21 morts ; le 27 , 805 malades 14 morts ; le 28 , 792 malades 19 morts ; le 29 , 766 malades 25 morts ; le 30, 746 malades 15 morts. Les progrès de la maladie commencent à s'atténuer , car ce sont les premiers jours qui nous présentent le moins de mortalité. Il est évidemment reconnu qu'il esl très-peu de personues auxquelles cette maladie ne s'est point communiquée.

— On écrit de St -Sébastien , le 12 novembre : ï

Deux bâtimens français chargés de grains sont dans notre port prêts à mettre à la voile pour Rouen ; le brigantin anglais l'Emma se dispos aussi à en char- ger pour l'Angleterre. nat


La Gazelle universelle de Lyon a publié dans son dernier numéro l'article Suivant : ASE }

« C'ést demain que la Gazette universelle de Lyon cesse de paraître... Depuis quelques “années les organes des saines doctrines diniinuent : malheur réel , que, pour ce qui nous touche , il n’a pas été en notie pouvoir d'éloigner plus long-temps..…. La Gazette universelle succombe sons le poids de ses char- ges. Nous ne nons étions point fait illusion sur l'étendue des sacrifices que nous nous iwposions : de nouvelles lois fiscales sont venues les agyraver, et résoudre en faveur des journaux de Ia capitale le problème jusqu'alors douteux du succès des feuilles de provinces. Tout se tourne aujourd'hui contre celles-ci ; et le nouveau mode introduit depuis trois années dans le service des courriers , livre le midi même aux journaux de Paris vingt-quatre heures avaut que nous puissions nous y montrer, C'est contre tous ces obstacles que nos forces se sont épuisées ». sd = On écrit de Toulon , le 11 novembre :

11 paraît que la France va être dégagée du fardeaa de la guerre qu'elle avait à soutenir contre les Algériens. Cette nouvelle a causé une surprise agréable aux hahitans de cette ville. Le brick du roi la Champenoise , commandé par M Vallin , lieutenant de vaisseau , est arrivé sur notre rade du lazaret , hier



‘à 6 heures du soir, venant des parages d'Alger. Il à rapporté que s'étant appro-

ché de la ville d'Alger, le déy lui a expédié des dépêches pour le capitaine de Vaissean de la Brétonnièré ; commandant le blocus, dans lesquelles étaient contenues des propositions de paix très-avantagenses pour la France. Espérons ué si noté gouvernement trouve les offres du dey satisfaisantes, is'empressera de les aceneillir Une plus noble mission appelle nos forces navales dans le Levant; il est temps enfin que la France ne s'occupé plus à gnerroÿer avec quel- qués corsaires algériens , que deux ou trois bricks de guerre pourraient conte- nir, Le brick la Champenoise a apporté des dépèches du commandant du blocus d'Alger pour le gouvernement français. La frégate ln Galathée à enfin terminé ses réparations auxquelles on travail- lait depris plus d'un mois. Elle est sortie ce matin du port et a pris mouillage en rade. Elle parüra sous peu de jours avec le vaisseau /e Scipion. On continué le


chargement des transports napo/itains, noïisés pour le compte du gouvernement; des forçats sont employés à charger des planches et autres effets de campement


sur ceux qni sont atnarrés au quai du port Marchand , et les onvriers de l’arse- pal chargent sur d'autres transports qui sont dans le port militaire, des caisses de fusils, de sabres et autres armes ; déjà quelques centaines dé caisses sont à bord -

On a répandu dans la journée quelques bruits qui se trouvent en contradiction

avec les dépêches du général Maisoc. On prétend que les troupes françaises !

composant [a brigade du général Schneider, avaient obtenu une capitulaticn de Ja part du pacha de Patras, et que cette dernière ville s'était rendue à discrétion; mais on dit que les forts de Lépante et le château de Morée tenant encore, et que les garnisous n'ayant pas voulu les rendre , cela avait déterminé l'amiral de Rigny à se transporter dansle golfe de Lépante avec quelques bâtimens sousses ordres, et à canouner les forts qui opposaient quelque résistance, Le combat n'a pas duré long-tems ; mais on assure qn'une corvelte français a souffert dans son gréement et a perdu quelques hommes. Les forts se sont enfin rendus à discrétion comme la ville. Ces nouvelles méritent confirmation : elles sont répan- dues sur la foi de quelques lettres qui nous paraissent suspecles ou écrites par des personnes «ral inforimées. Les maladies continuaï nt à exercer quelques ravages dans nolre corps d’arméè. Cependant le nombre des malades paraît






è

TE < ". ; 4 x # £ Ÿ dinintter dépuis que nostronpes ont pris lents qartiers dansles villes de Coron,


Modon ; Navarin et Patras. On écrit de Navarin que nous avons à regretter la perte de quatre ingénieurs , deux chirurgiens , quelques officiers et plusieurs soldats. La mortalité continait encore le 11 octobre , n ais avec moins de {rrce, et l’on espérait beaticoup que le-casernement des troupes et les suins qi'ên se- rait à poriée de procurer aux malades dans les hôpitaux, ‘arrêteraient les pio grès des maladies dobt notre armée se tronvaifatteinte par suite de Fair mal sain, des pluies abondantes et du manque d'abri que les soldais avaient éprouvésdans leur campement. $ {

— On éerit de Pau , le 17 novembre : k 23

A s’est fait un assez grand nombre d'afoires pendant les deux derniers jours de la fuire St-Martin. Quelques chevaux ont été achetés pour les remontées, mais on a reiniarqué que les acheteurs recherchaïent davantage le bon marché que la beauté des sujets, eL que les cher aux les plus médiocres ont été préférés. Au lieu de dotiner à des entrepreneurs la mission d'acheter les chevaux de re ionte, ne serait-il pas plus simple de charger de ce soin. des officiers non moins entendus et plus désintéressés ? Par là on réunirait l'avantage de mieux monter la cavalerie, d'économiser les droits de commission et d'encourager les pro priétaires qui cherchéraient alors sans doute davantage à soigner la qualité des sujets. Le prix que passe le gouvernement est de 360 fr, Les achais.se sont faits



à 200,250 et quelques-uns très-rares à 300 fr, x On assure qu'il s'est vendu une quantité considérable de pores qui doivent être dirigés sur Bordeaux. >

A

La vente des mulets a eu cette année une faveur marquée mais à très-bas prix Les uns en petit nombre ont été achetés pour les provinces limitrophes de l'Espagne , tous les autres pour la Saintonge. Chose bien : remarquable autrelsis les marchands de la Saintonge accouraient dans nos foires afin de vendre leurs mulets ; aujourd'hui que le prix des mulets a baissé de plus d'un tiers , ils n’y viennent plus que pour acheter les nôtres, Ce changement est fa- cile à expliquer ; le commerce avec l'Espagne était la priucipale cause de pros- périté de nos contrées. Les droits (1) d'entrée excessifs qui ont été établis sur nos bestiaux et surtout les dissentions qui dévorent l'Espagne sont venus tarir certe source lucrative de transactions. Maintenant on voit encore quelques Es- pagnols dans nos marchés , mais ou ils manquent de capitaux; ou ils ne veulent acheter qu’à vil prix. Îl en est des peuples comme des individus ; ce n'est qu'au moyen d'échanges que s’alimentent leurs relations, et il est évident que celui qui ne produit rien doit diminuer ses demandes, et tôt au tard finir par se ruiner. Tellé est la position de l'Espagne à l'égard de là France. L'étatde gêne où nous nous trouvons réduits, ne cessera que lorsque notre gouvernement exigera du gouvernement espagnol des garanties qui assurent à la fois nos intérêts et puis- sent rendre ce triste payÿsàla tranquillité et à l'industrie. Peut-être ayons-nous été assez prodigues de sacrifices pour que sinotre gouvernement réclamait avec fer- meté les concessions dont nous parlons, il fût presqu'assuré delles obtenir.Jusque la on pourra bien créer de fastueuses commissions , faire de brillantes promes- ses ; Loutes ces pompeuseS manifeslations uniquement employées.dans l'intérêt des dépariemens du ; N'apporteront pas le moindre allégement à nos maux,

Malgré l'aflluence considérable qui se pressait àla foire , il n'est arrivé au- cun grave accident et aucune rixe n'a eu lieu.

— La première colonne de l’armée venant de Cadix arrivera à Bayonne le 20 novembre ; elle est commandée par M. le maréchal de camp vicomte de Geniés , et se compose de 83 ofliciers , 1313 soldats et 349 chevaux.

La seconde colonne , sous les ordres de M. le colonel baron de Rascas, ar- rive. le 21 ; elle compte 82 officiers, 1268 soldats et 315 chevaux.

roisième colonne, conunandée par M. le. colonel Horrie , arrive le 22 ; 65 officiers, 1370 soldats et 174 chevaux en font partie. Eufin , la quatrième et dernière colonne, comniandée par le colonel Paty, arrive le 25 ; on y compte 99 officiers , 194 soldats et 891 chevaux.

j Extrait d’une lettre de Navarin , du 14 octobre. Le fort et la ville de Patras ont été occupés par nos troupes le:7 de ce mois ,

à 5, heures et demie de l'après-midi, depuis le 4 nous avions débarqué nos trois régimens , commandés par le général Schneider ; les forces navales se composaient des frégates la Duchesse-de-Berry, la Didon , V'Armide a VEcho.

Ce n'est qu'après bien des négocialions que les Turcs se sont décidés à évacuer







la place, à condition qu'on leur donnerait des moyens de transports , les uns

pour la Romélie , les autres pour Smyrne et Alexandrie.

La ville bâtie en amphithéâtre ;, et la citadelle qui était bien armée , étaient susceptibles d'une longue défense. Le fort de Patras qui est sur le rivage est très-bien situé , et aurait pu nous faire beaucoup de mal avec les 63 pièces de canons dent il est garni , si ces pièces avaient Fe bien servies: Quelques-nns de nos bâtimens de guerre sont destinés à escorter les navires qui sont prendre les Turcs à Patras , pour les conduire à leur destination; à leur retour ils escor- teront à Toulon les transports qui ne seront plus nécessaires ici. tr

NOUVELLES MARITIMES.

Navires entrés en rivière de Bordeaux. '

© L'Taès, cap. Barneche, ven. de la Vera-Crux; le Diligent, cap. Gassic, verl de l'Inde ; la Durade et le Comte-For;#en. du Bénégal






.


Le navire l'Égidie , cap: Mallet, arm. M Bergés ; ven. du Séégal, est entré de relâche à l'Aiguillon , ayant, dit-on, de fortes avaries , RUES vaie qui lui donne plusieurs pieds d'eau daus la cale. Le capitaine Mallet a fai hs demander , aussitôt son arrivéé, quatre hommes de secours ;; pour aider à la

t soulager l'équipage. ï :5à POMPERPsoueE quipeg: | B.






a . Préaut, ven. de Hambourg, consiste :

Pour MM. Clossmann’et C.*, 1 grenier merrain ; Guzol et Flouchfrères , 1 dito ; J, Fortuné et fils , 2 ballots peaux de mouton, 22 caisses de toile ; le porteur , r caisse contenant une forte piano ; J. D: Wetzel, 8 éaisses'toile ; La- val ét Moras , 12 caisses toile ; Marié ; 59 bqu'es. vin blauc; Geïsler, 70 barils viande salée ; le porteur 1 grenier merrain sr ven qu et Barkausen’, 1 bqe. et 1 malle contenant livres , notes, linges , lits, habillement ; Fleury Godde , ballot toile, 7 barils beurre; Merckil et Scroder , 214 blocs plomb: le porteur 1 caisse échantillons 6 douzaines tours en cheveux en retour. ù

Le chargement du navire /« Nouvelle-Louise , cap. Chemisard'}*armatent

Le chargement du navire le Gustave-Anna ; cap. Bernard , arm! M.'J:




| M J. B. de Ynigo, v. de San Blas , avec 450,000 piastres en lingots, 2000 qx.

bois de la Colifornie , 9 passagers.

À passé la revue , le Nouvel-Indigène ; e. Nognez , all. à la Martivique. — Le Mercure , cap. Miquelina , est arrivé à Bayonne , ven. du Havre. »

MOUVEMENT DU BAS DE LA RIVIÈRE.

Royan , le 17 novembre. — Légère brise de S. E., beau Lemps et belle mer; il est sorti environ 60 cabateurs et les bâtimens suivans :

Le brick français Creton , cap. Metaisie, du Legné, all. audit lieu ; le brick


(1) Les mu'ets payent un droit de 65 fr. par tèté” pour leur introduction dans Lintérieur de l'Espagne.

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