Page:Le Lyon de nos pères - Emmanuel Vingtrinier.pdf/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
le lyon de nos pères

(nos 19, 21 et 23). — Nous arrivons ainsi à la petite place Saint-Goorge. Là se tient un marché, qui est tout proche de la Boucherie : le vendredi et le samedi, les paysans apportent des hortolages, herbages et racines : le vendredi, on vend, en outre, du chanvre et des étoupes. Au midi de la place, s’ouvre le cimetière, qui enveloppe le flanc septentrional et la façade de l’église. Derrière l’abside est la maison curiale, avec son jardin en terrasse donnant sur la rivière. La petite porte de la Commanderie joint la face méridionale de l’église ; un peu plus loin, se trouve le grand portail, sur lequel se lit cette inscription en lettres gothiques, qui nous renseigne sur la fondation de l’édifice :

« C’est l’entrée be la maison M. Sainct Jehan—Baptiste et du bon chevalier Sainct George, laquelle maison a esté faite et accomplie par messire Humbert de Beauvoir chevalier de l’Ordre de M. Sainct Jehan—Baptiste de Jerusalem et Commandeur de céant faict le 1er jour d’octobre, l’an 1498 »

Ce portail donne accès à une grande cour, dont une partie est assise sur

des terrasses élevées contre le flanc abrupt de la colline ; c’est dans cette cour que l’on construira, au xviiie siècle, le bâtiment des archives générales du Grand-Prieuré. Une tour carrée défend l’entrée du château et le pont-levis jeté sur un fossé. Au milieu s’étend un jardin enfermé dans l’enceinte, en partie crénelée, laquelle est limitée de ce côté par la rue Saint-George, la ruelle Constantin ou du Mouton, descendant à la Saône, et la rivière. Une source d’eau vive alimente les bassins de la cour et du jardin. — La Commanderie est un vaste bâtiment à deux étages, surmonté d’une haute toiture percée de lucarnes à fronton triangulaire, et flanqué de deux grosses tours baignant dans la Saône. Avec ses cordons de pierre et ses larges fenêtres à croisillon, les toits aigus de ses tours, ses meurtrières, la porte basse et voûtée qui s’ouvre sur le courant, cet édifice, construit en vue de la défense et où rien n’est accordé à une ornementation superflue, présente, dans sa simplicité militaire, un certain caractère de grandeur.

Il y avait eu primitivement, à cet endroit, une communauté de filles, sous le vocable de Sainte-Eulalie ; Leidrat, le grand restaurateur de nos monuments religieux, releva également celui-ci