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le lyon de nos pères

depuis le cloitre de Saint-Jean jusqu'au chevet de l'église Saint-George. Elle est depuis longtemps habitée par des prêtres habitués de la Cathédrale. Auparavant, cette rue portait le nom de « la Pierre-Percée » : c'est celui d’une maison située

du côté de la Saône et un peu au-dessus du port du Sablet ; on voit dans la cadette un trou creusé, suivant l'usage de la Justice, afin de dresser la potence destinée à l'exécution d'une condamnation pour un crime commis dans cette demeure. Intrigués par ce mystère, nous demandons quel avait été le propriétaire de la Pierre-Percée, et nous parvenons à savoir qu'à la fin du xve siècle, elle appartenait au fameux astrologue Simon de Pharès. Celui-ci, étant venu s'établir à Lyon, y fut poursuivi, en 1493, à raison de sa profession, par l'autorité ecclésiastique ; la condamnation à une amende et à la confiscation de ses livres fut prononcée contre lui par l'official et confirmée par le Parlement de Paris. Mais de puissantes influences firent assoupir l'affaire ; le roi Charles VIII, au retour de son expédition de Naples, vint rendre visite à Simon de Pharès et, durant plusieurs jours, suivit les leçons du célèbre astrologue. — La rue des Prestres est bordée de vieilles constructions du xve siècle, ventrues, plus larges à la base qu'au sommet, comme pour mieux résister aux inondations qui dévastent si souvent les parties basses de la ville. Nous remarquons, en passant, une hôtellerie à l'enseigne du Grand-Saint-Henry, et tout le long, les arceaux béants des boutiques, avec la pierre d'appui servant à étaler les marchandises