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le lyon de nos pères

Zacharie revêtu de satin blanc brodé. — Mais ce que cette église a de vraiment remarquable, c’est qu’elle possède les tombeaux des plus illustres familles Ivonnaises. Après celui des Laurencin, voilà celui des Clapisson. Les Bollioud

ont le leur au milieu du chœur, qu’ils ont fait construire à leurs frais ; on lit sur une pierre : Tumulus familiæ Bollioud. À côté d’une chapelle dédiée à la Vierge, à sainte Catherine, sainte Barbe et saint Clair, s’en trouve une autre dédiée à saint Claude ; elle appartient aux Bellièvre, qui l’ont édifiée en 1583, et c’est là que repose Claude de Bellièvre, premier président au Parlement de Grenoble, décédé en 1557. Sur son tombeau, ses fils Jean et Pomponne ont fait graver une incription latine, composée en vrai style lapidaire, où est consacré le souvenir de la réparation accordée à son honneur par l’arrêt du Parlement de Toulouse.

Près de ce tombeau, on lit l’épitaphe de Barthélemy Bellièvre, procureur général de l’archevêque, mort en 1483. — Quand, en 1792, la vieille église, presque quatorze fois centenaire, sera vendue comme bien national et transformée en habitations particulières, les caveaux de ces morts illustres seront violés et une partie des ossements transportés sur les voûtes, où on les retrouvera en 1866, date à laquelle ce qui subsistera de l’église et de ses dépendances sera démoli, ainsi que les alentours, pour faire place au nouveau quartier du Doyenné et de l’Archevêché. Les pierres tombales, dispersées comme le reste, subiront de singulières vicissitudes ; celle de Claude de Bellièvre sera retrouvée, en 1815 dans le mur d’une maison de la rue des Bouchers (rue Hippolyte-Flandrin), d’où on l’enlèvera pour la placer au musée épigraphique.

Sauf à l’occasion des grands enterrements et des fêtes de la Confrérie de Saint-Roch, on ne voit que très rarement, à Saint-Pierre-le-Vieux, des cérémonies solennelles. Une seule fois par an, au jour de la fête de saint Pierre aux Liens, le Chapitre de la Cathédrale, après avoir chanté les premières vêpres de la fête dans son église, vient les chanter de nouveau, solennellement, dans celle-ci ; c’est, d’ailleurs, un usage qui s’étend à plusieurs autres églises, et, à certains jours, le Chapitre se rend aussi à Saint-George, à Saint-Just, à Saint-Irinée.


De Saint-Pierre-le-Vieux, nous tournons au midi et nous nous engageons dans un enchevêtrement de ruelles tortueuses et sordides. Les Juifs y étaient cantonnés au xive siècle et en furent chassés en 1379. C’est un des coins les plus misérables de la ville, avec ses vieilles maisons noires, étroites et boiteuses, aux étages bas, aux ouvertures exiguës, aux portes branlantes-