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le lyon de nos pères

jamais personne. — Ce petit cimetière est tout rongé par la rouille des siècles, avec des touffes d’herbe aux parois des murs. De cet asile des morts abrité là, en pleine ville, dans un coin de silence et d’ombre, se dégage une impression de paix et de recueillement pleine d’intime poésie.

Malgré les grandes baies ogivales du clocher, qui feraient dater du moyen âge la petite église de Saint-Pierre-le-Vieux, celle-ci remonte à une bien plus haute antiquité. Elle fut, dit-on, construite au ve siècle, comme celle de Saint-Romain, sous l’épiscopat de saint Patient : probablement détruite au viiie siècle par les Sarrasins, elle dut être rebâtie ou réparée, ainsi que la plupart de nos églises, par l’archevêque Leidrat ; depuis lors, elle a été plusieurs fois remaniée et agrandie. — Au-dessus du portail est un curieux bas-relief dans le style de

ceux du xiie siècle : on y voit, à droite, un temple octogone à plein cintre et à dôme étagé ; à gauche, un personnage assis, la tête nimbée, ayant des clés dans ses mains ; devant lui, un autre personnage plus jeune agenouillé, la face découverte et la tête voilée en arrière. Une inscription latine, dont voici la traduction, explique le sujet de ce bas-relief : « Il était Pierre ; Pierre, donne-lui le royaume de Dieu. Ce monument est Saint Pierre, Guillaume, fils de Benoit, l’a fait. » — Entrons. Avec ses trois nefs, la petite église n’excède pas intérieurement, soixante-douze pieds de longueur sur trente-six de largeur. Elle est ornée dejolies colonnettes, qui datent apparemment du temps de Leidrat, et qui seront plus tard transportées dans la chapelle de Saint-Martin d’Ainay. La Confrérie de Saint-Roch et de Saint-Sébastien, instituée dans cette église, y a sa chapelle, où se trouve le tombeau des Laurencin ; on y voit un tableau peint par un Allemand, Joachim Lichtweld, représentant les deux saints avec Notre-Dame et décoré des armes des Laurencin. Sur l’autel privilégié, une peinture, Jésus au sépulcre. D’autres tableaux çà et là : le Christ mort et la Magdeleine, Jésus crucifié entre les deux larrons, saint Pierre pénitent et priant. Ces toiles ne sont point des chef-d’œuvre ; mais l’intention pieuse des donateurs se rattache au souvenir de chers défunts. Ce sont encore deux tableaux en broderie, représentant le reniement ou le vœu de saint Pierre, donnés « pour un renage on veuvage » ; deux statues anciennes en bois doré, ornant les chapelles de Saint-Pierre et de Sainte-Anne ; un précieux reliquaire renfermant le corps de saint