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le lyon de nos pères

appeler cet enclos le Jardin des Antiquités. C’est dans cette maison que naquirent Jean et Pomponne de Bellièvre, les fils de Claude, tous deux aussi distingués par le caractère que par l’intelligence ; le premier fut, après la mort de son père, président du Parlement de Grenoble, puis ambassadeur en Suisse ; Pomponne fut chancelier de France, et de sa lignée sont sortis deux archevêques de Lyon, un premier président et deux présidents au Parlement de Paris.

Aujourd’hui possédée par l’illustre famille de Sève, qui aura donné à la ville de Lyon plusieurs hauts magistrats et plusieurs prévôts des marchands, la maison Bellièvre sera transformée en monastère et occupée, en 1664, par un petit chapitre de chanoines réguliers de Saint-Augustin, de l’ordre de la Trinité, établi d’abord, en 1658, au milieu de la montée du Gourguillon. Ces religieux ont pour mission de recueillir des aumônes et de traiter avec les Barbares pour le rachat des chrétiens retenus en esclavage. Quand ils ont péniblement réuni une grosse somme d’argent, à quelques années d’intervalle, trois ou quatre d’entre eux font voile vers Tunis ou vers Alger, au risque d’être enlevés eux-mêmes par les pirates, et ramènent, au nombre de trois à cinq cents, les captifs qu’ils ont rachetés. Lorsque ces malheureux arrachés à la servitude, parmi lesquels il y aura souvent des Lyonnais, traverseront notre ville, venant de Marseille pour se rendre à Paris, ce sera, chaque fois, l’occasion de réjouissances publiques et d’une procession très singulière, qui excitera au plus haut point la curiosité de la foule. En tête du cortège, — formé soit à la Guillotière, devant le monastère de la Merci ou des Trinitaires du Tiers Ordre, soit à l’église de la Trinité, — marcheront, derrière la croix, et précédés des trompettes et des timbales de la ville à cheval, les captifs délivrés, deux à deux, chacun placé entre deux