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le lyon de nos pères

chanoines verront s’introduire à Saint-Jean la musique en même temps que la nouvelle liturgie de l’archevêque Malvin de Montazet.

Desservies par le même Chapitre, les trois églises célèbrent leurs offices en même temps et au son des mêmes cloches. Tandis que la ville est encore endormie, à quatre heures et demie tous les jours, et plus tôt les jours de fête, le cloitre s’éveille au milieu des sonneries ; de tous les points de l’enceinte, chanoines, perpétuels, habitué, clercs et clergeons se rendent à Saint-Jean, à Saint-Étienne, à Sainte-Croix, pour y chanter matines. Et, jusqu’au soir, avec une régularité monacale, les offices succèdent aux offices. Aux principales fêtes de l’année, on voit déboucher dans le cloitre les processions de Saint-Just, Saint-Paul, Saint-Thomas de Fourvière, qui viennent se joindre au clergé de la Cathédrale ; à son tour, celui-ci se rend en procession aux collégiales et à d’autres églises, la veille et Le jour de leur fête patronale. Puis, ce sont les processions des Rogations et de la Fête-Dieu qui défilent par les rues étroites, allant d’église en église ; c’est celle de Saint-Roch pour le vœu de la peste. La place Saint-Jean est le point de départ ou d’arrivée des cortèges, avec leurs bannières flottantes et leurs ornements étincelants au soleil. — Le lundi de Pâques, un spectacle plus saisissant encore est offert à la piété des fidèles : tout le clergé de Saint-Jean, Saint-Étienne et Sainte-Croix monte sur les tours et les galeries de la Cathédrale et entonne l’hymne d’allégresse 0 filio et filiæ ; du haut de sa terrasse, la collégiale de Fourvière répond en chantant la deuxième strophe, et les alléluias, mêlés aux sons des cloches, alternent jusqu’à la fin de l’hymne, du cloitre à la colline et de la colline au cloitre.

Mais c’est la Saint-Jean qui est la grande fête du cloitre. Dès la veille, il est envahi par l’affluence des pèlerins, des gens atteints du mal caduc, qui viennent gagner pardon et indulgences ou implorer leur guérison. Dans tous les coins de l’enceinte se dressent des feuillées, où les sergents du Chapitre ont le droit de débiter du vin ; merciers, tupiniers, chandeliers étalent leurs marchandises ; c’est une véritable foire. À la nuit close, un feu de joie est allumé, en présence des autorités, au milieu même de la place Saint-Jean, avant que celui de la ville ne soit allumé sur le pont de Pierre ; et, toute la nuit, la foule des pèlerins circule et se presse