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le lyon de nos pères

légion d’officiers : porte-croix, porte-crosse, aumôniers revêtus de la chape, six prêtres assistants, sept diacres-chanoines, couverts de la mitre, sept sous-diacres, enfin sept clergeons parés d’une aube sur leur soutane rouge et remplissant l’office de porte-chandelier. Dans leurs stalles à dossier de marbre, les chanoines-comtes, le menton orné de la barbiche, portent le bonnet de fourrure couvrant le front, et la chape, ample manteau noir bordé de rouge par devant, — qu’ils remplacent, en été, par la froche ou surplis, l'aumusse d’hermine rayée et le capuchon d’hermine. « Messieurs les comtes de Saint-Jean de Lyon », comme on les appelle, sont au nombre de trente-deux ; neuf sont revêtus de dignités : ce sont, pour la plupart, ceux dont nous avons remarqué les hôtels dans notre visite autour du cloitre. Tous sont fils de grands seigneurs ; pour être admis à faire partie de ce corps illustre, il faut justifier de quatre quartiers de noblesse, tant du côté maternel que paternel. Ce Chapitre, « le plus beau qui soit en France », a donné à l’Église des papes, plusieurs cardinaux, et un nombre considérable d’archevêques et d’évêques : on l’a surnommé « la maison de pourpre ».

Autour des chanoines, se pressent encore une foule de perpétuels, de chapelains, de prêtres habitués ou prébendiers, enfin les clercs et les clergeons : au moins cent trente personnes, affectées au service des trois églises. Tout ce personnel loge dans les maisons et aux dépens des dignitaires et des chanoines, qui ont en outre à nourrir chaque jour des pauvres : les dignitaires, six, et les simples chanoines, trois.

Par un usage immémorial et particulier à l’Église de Lyon, l’office se chante

tout entier de mémoire ; il n’y a pas de livre dans le chœur. Le plain-chant, simple et majestueux, y est seul usité ; la musique est absolument exclue. « C’est ceste Église qu’on dit la mieux servie de France, en laquelle on n’oyt aulcun chatouillement d’oreille, ni d’orgue ou de musique insolente, telle qu’on en oyt en plusieurs aultres églises ». Le faux-bourdon même n’est pas admis, et la métropole, qui répudie toutes les nouveautés ne permet pas aux collégiales de contrevenir à la règle qu’elle s’est prescrite à elle-même. Mais le plain-chant de l’Église de Lyon est « si grave et si beau, qu’il n'y a pas de musique qui en approche ». Ainsi, comme dans la splendeur et la gravité des cérémonies du culte, les anciennes traditions liturgiques se perpétuent dans le rythme lent de la psalmodie. Ce ne sera qu’au milieu du xviiie siècle que les