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le lyon de nos pères

chapelles fondées par des archevêques et des chanoines. À gauche, saint Pierre, saint Thomas, l'Annonciade et son beau retable, saint Michel, sainte Austregésille ; Notre-Dame et saint Jean-Baptiste, avec son tableau d’Horace Le Blanc, représentant la Vierge, saint Jean-Baptiste et un chanoine à genoux ; enfin, Notre-Dame et saint Antoine. À droite, Notre-Dame du Haut-Don, où est la tombe d’Ysabeau d’Harcourt ; la grande et la petite Madeleine ; saint Raphaël ; le Saint-Sépulcre, œuvre de Jacques de Beaujeu, où l’archevêque de Thurey avait son mausolée, et où l’on remarque une belle peinture sur bois de François Stella : le Christ au tombeau ; enfin, la chapelle du Saint-Sacrement ou des Bourbons, bâtie par le cardinal Charles de Bourbon et achevée par son frère le duc Pierre. C’est un des rares ouvrages de sculpture qui nous restent du xve siècle. Si l’on ne voit plus intact le beau mausolée en marbre blanc sur lequel le cardinal est représenté en relief, on retrouve sur une balustrade sa devise : un bras revêtu d’un fanon avec l’épée flamboyante, et, au-dessous, une frise de chardons détachée sur la muraille ; une autre balustrade contient le monogramme de Pierre de Bourbon, et un cerf ailé avec cette légende : N’ESPOIR NE PEUR. Rien ne saurait surpasser la richesse de cette chapelle : ce ne sont que clochetons, culs-de-lampe, clefs pendantes, aux prestigieux enroulements de feuillages, aux chardons déchiquetés, aux fines dentelles de pierre, admirables morceaux d’un art fleuri à l’excès, qui approche de la décadence. Un tableau de cette chapelle, attribué à un élève de Jules Romain, représente Jésus-Christ à table avec les Apôtres.

Les étrangers remarquent encore, dans la Cathédrale, les statues de Louis XIII et de Marie de Médicis ; le tombeau de François de Mandelot, élevé en 1588 dans la chapelle de Saint-Pierre, par sa femme, Éléonore de Robertet, avec une inscription gravée en lettres de bronze et les armoiries de l’illustre gouverneur entourées des deux colliers des ordres du roi ; plus loin, des drapeaux suspendus aux voûtes, trophées conquis par Lesdiguières sur le duc de Savoie, offerts au roi et placés là par son ordre ; la fameuse horloge de Nicolas Lippius, que l’on rencontre dans le bras gauche de la croisée et dont les automates excitent la curiosité des visiteurs. — Partout, enfin, dans cette immense basilique, les pieds foulent des tombes de chanoines, que l'on voit étendus sur la pierre, en mitre, en chape, mains jointes et semblant encore prier.

Après tant de siècles, la Cathédrale de Saint-Jean demeure comme un magnifique et vivant poème inspiré par la plus haute pensée religieuse. Ses murs, ses voûtes, ses pilastres, ses verrières racontent la Création, l’Ancien et le Nouveau Testament, la Chute et la Rédemption, les grands faits du Christianisme, la vie de l’homme et le travail. Pourquoi chercher dans ces images un sens caché ? Les artistes qui les ont créées ne firent qu’exprimer avec une imagination enthousiaste leur foi ardente et simple ; c’est pourquoi leur œuvre conserve, dans son admirable unité, ce caractère de vie intense et d’impérissable jeunesse.

Aux fêtes solennelles, tandis que les cloches de Saint-Jean sonnent « avec grand art et harmonie, comme des instruments de musique », suivant la gracieuse comparaison d’un Italien du xvie siècle, le chœur se décore de tapisseries de haute lisse ; on tire du Trésor les précieux reliquaires et les riches ornements ; mille flambeaux s’allument aux girandoles du sanctuaire ; quelquefois, de grandes lanternes en papier, ornées de peintures, illuminent le jubé, le chœur et l’abside. Et ce sont des cérémonies magnifiques. L’archevêque, avec la mitre et la chape, célèbre la messe au milieu dune