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le lyon de nos pères

courante au noyau et à la cage ; il est décoré avec un soin remarquable ; voyez ces tournants à moulures arrondies, et ces petites coquilles répétées à tous les angles. Un grand fuseau servant de contrefort à la cage se termine par un pinacle à efflorescence gothique. Sur la cour, ce sont encore de belles fenêtres moulurées, celle du premier étage surmontée d’une exquise petite niche. Enfin, voilà, à ciel ouvert, le fameux puits, merveilleusement ciselé, avec sa coupole ornée d’un lionceau : du moins une inspiration de son école. La cour est vaste ; elle n’est pas encore envahie, comme elle sera plus tard, par des constructions parasites ; l’air et la lumière y entrent à flots ; un orme y donne de l’ombre. On passe sa vie dans ces cours ; aussi le ciseau du sculpteur y a-t-il fouillé la pierre avec plus d’art et de délicatesse que sur la façade même. Et ce sont des heures très douces qui s’écoulent là, dans la méditation ou la prière, au milieu des lentes sonneries des trois églises. Lorsque, en juillet 1672, Mme de Sévigné, allant voir sa fille en Provence, viendra passer trois jours au logis du chamarier Charles de Chateauneuf de Rochebonne, beau-frère de M. de Grignan, peut-être, en entrant dans cette maison aux lignes harmonieuses et aux détails charmants, où l’accueillera le plus aimable et le plus spirituel des chanoine, songera-t-elle aux paisibles demeures connues d’elle qui avoisinent la cathédrale de Tours, et que Balzac nous décrira si bien.

Poursuivant notre visite autour du cloitre, nous arrivons à l’église paroissiale de Sainte-Croix, reconstruite en 1458 à la place de la vieille église bâtie, dit-on, au commencement du viie siècle par saint Arrige. Au flanc droit s'élève la tour carrée servant de clocher ; derrière, se trouve la maison de la petite Custoderie avec les écuries qui en dépendent. L’intérieur de l’église n’offre rien qui attire l’attention, si ce n’est, dans une chapelle à gauche du chœur, le tombeau d’un fils de François de Mandelot, gouverneur de Lyon sous Charles IX et Henri III. Sur tout un côte de la nef, on voit les armoiries des bourgeois de la paroisse qui en ont fait réparer les vitres brisées par une tempête. Plus tard, les voûtes seront peintes en grisaille par Buron ; au xviiie siècle, sur les dessins de Ferdinand Delamonce, le chœur s’enrichira de belles boiseries d’un remarquable morceau de sculpture, la Croix dans sa Gloire, de Marc Chabry fils ; six grands tableaux, dont l’un de Delamonce, l’Invention de la Sainte Croix, orneront les côtés de l’église ; enfin, dans le style pompeux du temps, Clément Jayet exécutera une chaire en forme de tribune, portée par des anges, et couronnée par une draperie surmontée de groupes d’anges élevant la croix en triomphe.

Si l’église de Sainte-Croix est de médiocre grandeur, toute petite est l’antique église de Saint-Etienne, contiguë à la première et elle-même accolée à celle de Saint-Jean. Fondée vers le ve siècle et rebâtie par saint Patient, chapelle des anciens rois burgondes, qui avaient leur palais dans le voisinage, cathédrale depuis le commencement du ixe siècle, au temps de