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le lyon de nos pères

balustre du chœur, un beau crucifix en bois, de grandeur naturelle, et au pied, un ange à genoux tenant un chandelier ; sur l’autel principal, une Descente de Croix ; au petit autel, deux autres tableaux représentant, l’un la Vierge, saint Jean-Baptiste et saint Jean-l’Évangéliste, l'autre Notre-Dame-de-Pitié. Derrière l’église et adossé à la muraille d’enceinte, est situé l’hôtel de l’archidiacre, second dignitaire du Chapitre, qui a le litre de curé de Saint-Romain : c’est l’ancien palais de Colonia ou de Colognac, longtemps habité par Anne de France, femme de Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu.

A la suite de l’Archidiaconé, vient le Doyenné ou hôtel du doyen, avec ses dépendances, maisons, écuries, jardins, occupant un vaste emplacement au sud-ouest, entre la rue Pisse-Truye, qui longe le cloitre au midi, et le retour à angle droit formé par la muraille jusqu’à l’extrémité sud de la rue d’Albon (plus tard, rue des Deux-Cousins, du nom d’une auberge). Au couchant, c’est l'hôtel d’Albon, joignant l’enceinte au long de la rue qui a pris son nom, puis l’hôtel de Chevrières (Petit-Séminaire actuel), bâti sur l’emplacement de la maison que le Chapitre avait attribuée jadis à un successeur de saint Anselme, archevêque de Cantorhéry, lequel, fuyant lui-même la persécution, avait déjà reçu une généreuse hospitalité dans le cloître de Lyon. En avant de l’hôtel de Chevrières, la maison située à l’angle méridional de la place est celle de la sacristie de Saint-Etienne.

A quelques pas de là, se dresse, au milieu de la place, le pilori, petite tour octogone avec une armature tournante dans laquelle les condamnés passent la tête, à travers un trou, exposant ainsi, par le mouvement giratoire de la roue, leur piteuse figure aux regards des passants ; à côté, le lavatoire, table de pierre sur laquelle on lave le corps des chanoines décédés ; puis, une fontaine, et deux tilleuls, soigneusement entourés de bordures de pierre qui les protègent contre les chocs des roues.

En face de la Cathédrale et après la maison de la Chantrerie contiguë à l’hôtel de Chevrières, se trouve « la Brèche », la fameuse brèche ouverte en 1562 par le canon du baron des Adrets, à l’endroit où était la petite porte du cloitre ; de chaque côté, la vieille muraille du xiie siècle — haute de trente pieds, épaisse de six — montre ses plaies béantes, qui ne se cicatriseront jamais. Cette brèche n’est, d’ailleurs, que le moindre des ravages exercés dans le cloitre par les calvinistes. Près de la moitié des maisons canoniales démolies, les autres dévastées et devenues inhabitables, les portes et les verrières brisées, les chapelles abattues, les statues détruites, neuf cloches emportées, le trésor mis au pillage : immense était le désastre. Il a fallu de longues années pour le réparer. De nouvelles constructions se sont élevées sur les ruines des maisons disparues. A présent, le cloître est comme rajeuni. Aussi bien, là comme ailleurs, on l’espace d’un siècle, les idées se sont modifiées ; l’antique enceinte perd peu à peu son ancien aspect de forteresse. Moins jaloux de leur autonomie, les chanoines travaillent eux-mêmes à la démanteler ; de toutes parts, ils percent la muraille pour y ouvrir des portes et des fenêtres ou y accrocher des balcons, et ils se sont si bien accoutumés à la brèche pratiquée par le baron des Adrets, qu’ils l’élargiront encore pour en faire une rue.

A la suite, et adossées à la rue Tramassac, viennent les maisons de Gaste et de Fougères, l'hôtel de la Précenterie ou habitation du grand chantre (n° 7, place Saint-Jean) ; à l’angle nord-ouest du cloître, le bel hôtel de Talaru, et en redescendant le long de la muraille confinée au