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le lyon de nos pères

limites de la ville et du mandement de Béchevelin, s’élève à droite, à la place où une colonne, détruite par les calvinistes, avait été érigée pour perpétuer le souvenir des victoires de Louis XII sur les Vénitiens ; c’est jusque-là que sont conduits les gens chassés ou bannis de la cité.

Sur les avant-becs de la sixième pile à compter de la ville se dresse « la Redoute de la Sentinelle », haute et sombre tour carrée, percée de barbacanes et de meurtrières, flanquée d’échauguettes et munie d’une coulevrine. Anciennement couronnée de bours en charpente qui sont depuis longtemps tombés de vétusté, cette tour est maintenant surmontée d’une toiture à quatre pans, sans créneaux et couverte de tuiles, avec un lanternon au sommet. Entre les avant-corps, se tendent menaçantes les flèches soutenant les chaines d’un pont-levis qui s’ouvre sur l’« arc de la Trappe ». Une sentinelle, armée d’une hallebarde, garde ce passage, fermé la nuit par deux lourdes portes. Après la Redoute, on se trouve au-dessus de l’arche de Saint-Nicolas et du grand courant du Rhône, dont les flots viennent se briser contre les éperons des piles avant d’aller, en aval, battre le rempart, au long duquel se voient, par-dessus le « parefou », une dizaine de moulins amarrés depuis le pont jusqu’aux bâtiments de la Charité. Là, commence la descente vers la ville. Quelques pas encore, et l’on arrive à la porte monumentale, bâtie sur la culée. Cette porte est flanquée de deux énormes tours rondes, dont les pieds baignent dans le Rhône et qui sont surmontées de toits aigus aux girouettes grinçantes. Au-dessus du portal, taille en pierre blanche de Lucenay, se voit un écusson gravé aux armes de la ville ; plus haut, court une