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le lyon de nos pères

l’emplacement (aujourd’hui occupé par le groupe scolaire de la rue Mazenod) sur lequel se créerait, au xviie siècle, le Jardin de la Butte, où les Chevaliers de l’Arquebuse de Villeneuve viendraient faire leurs exercices et, en 1771, nommeraient colonelle la marquise de Rochebaron.


Sur la rive droite du Rhône et aux flancs des collines, la grande ville apparaissait, au soleil, dans une atmosphère bleuissante qui estompait les arêtes des monuments, enveloppait les clochers, étageait les plans, harmonisait

les lignes et les couleurs, fondait ensemble les notes blanches des nombreux édifices récemment construits et les tons sombres de ceux qu’avait revêtus la patine du temps. Avec ses murailles d’enceinte hérissées de tours et de bastions, ses six portes, sa redoute du pont du Rhône, son château-fort de Pierre-Scize dressant vers le nord sa silhouette massive, Lyon avait conservé, sous le règne de Louis XIII, les traits prononcés de la cité du moyen âge, son aspect menaçant et féodal.

Au premier plan, le fleuve, non endigué, très large, roulait en liberté ses flots tumultueux, rongeant, à gauche, les broteaux, où il formait des iles verdoyantes, battant, à droite, les solides murailles des courtines et des tours qui, au long de la rive, enfermaient la ville d’une ligne de défense continue depuis le bastion de Saint-Clair jusqu’au confluent. Derrière ce rempart, dans la multitude des maisons étroitement pressées les unes contre les autres et comme étouffant dans un espace trop parcimonieusement mesuré, s’élevait,