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le lyon de nos pères

digne de retenir l'attention. Là, c’est une porte à grosses moulures et un curieux escalier à noyau évidé (10, rue Lainerie). Plus loin, c'est une exquise construction gothique de la seconde moitié du xve siècle, bâtie par un Mayet de Beauvoir : fenêtres couronnées d’arcades accolées, surmontées de fleurons, ornées de choux frisés, au milieu desquels sont sculptés des médaillons à portraits ; pinacles et moulures à arêtes vives décorant les intervalles des baies, ravissante petite niche découpée dans l’angle des deux façades, tout cela en un calcaire blanc rosé, du plus harmonieux effet (14, rue Lainerie). Un peu après, on aperçoit dans une allée (18, rue Lainerie), une voûte à nervures entrecroisées, avec des animaux symboliques aux retombées ; dans la tourelle à pans, un superbe escalier à vis, reposant par un angle sur un pilier ; aux tournants, des

figures sculptées d’anges, de dragons, et, à chaque étage, une petite arcature formant une élégante loggia, ornée d’un blason au croisement des nervures. — Nous voilà sur la place de la Poulaillerie Saint-Paul. A la vérité, est-ce bien une place, que cet étroit carrefour resserré entre le massif de constructions qui s’étend au nord du côté de Saint-Paul, la rue qui monte, au couchant, vers les Grands-Capucins, et la rue Noviale ou de la Boucherie, qui se dirige au nord-est ? Mais, si exiguë que soit cette placette, elle n’en est pas moins un des endroits les plus curieux du vieux Lyon. Voilà, par exemple, du côté du couchant (3, place Saint-Paul, voir dessins p. 258 et 259), au flanc d’une maison du xvie siècle, une jolie tourelle carrée, posée en encorbellement, et continuant l’intéressante perspective en ressauts, que nous admirions tout à l’heure ; en face (5, place Saint-Paul), c'est un remarquable intérieur de cour avec des balustres en pierre à chaque étage, puis une vaste arrière-cour avec paliers à grandes arcatures d'aspect sévère, sous lesquelles s’encadre l’escalier en demi-cercle.

Au nord-est, de la place de la Poulaillerie, la rue de la Boucherie Saint-Paul ou rue Noviale (Nouailles) s’étend jusqu’au Puits-d’Amour, d’ùt la rue du Charbon-Blanc (de Ours) communique à celle des Hébergeries un peu en amont de la rue de l’Angile. La boucherie est établie dans cette rue au moins depuis le commencement du xive siècle, elle comprenait, au xve, plus de cinquante bancs ou boutiques. En 1508, on avait fait mettre des portes aux deux extrémités, « à cause des maraulx et coquins qui alloient eulx retirer esdites boucheries, aussi, plusieurs ribleurs et maulvais garsons bateurs de gens ». Pendant l’occupation protestante, la boucherie Saint-Paul, réputée lieu infect, fut entièrement démolie ; mais il n’y en avait pas d’autre dans le voisinage ; les particuliers qui tiraient un revenu de la location des