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le lyon de nos pères

de Molière en Avignon. — Continuant dans la rue de l’Angile, nous rencontrons les maisons de la Vierge, de la Mître, des Trois Maillets, plus loin, celle où pend pour enseigne le gentilhomme françois ; au-dessus de la porte, un curieux bas-relief représente une bacchanale et une danse de petits enfants. — Laissons à gauche la ruelle Saint-Eloi et ses fenêtres défendues par de solides grilles contre les entreprises des voleurs. Voici la rue de l’Arbalète et l’enseigne qui lui a adonné son nom : un homme tirant de l’arbalète. C’était autrefois la rue appelée de la Chèvrerie, ainsi que la rue de l’Angile, à cause du marché aux chèvres. Au commencement du xvie siècle, Etienne Turquet occupait, à l’angle des rues de la Saônerie et de la Chèvrerie, deux maisons appartenant aux du Peyrat, où il vendait d'un côté de la draperie, et de l’autre des harengs. Depuis quelque temps une société de frères tailleurs, vivant sous une règle religieuse, s'est établie dans cette rue de l’Arbalète. Près de là, se trouvent une belle porte sculptée (9, rue de l'Arbalète), représentant un combat de Tritons, une charmante maison de la Renaissance avec un puits et d'élégantes galeries (4, rue des Treize-Cantons), puis l’hôtellerie, si fréquentée par les marchands suisses, qui a pour enseigne les armoiries des treize cantons helvétiques, avec l’aigle noir à deux têtes portant la couronne du Saint-Empire, et tenant le globe et l’épée haute.

De la rue de l’Arbalète, nous arrivons à la rue de l’Asnerie (Lainerie) ; débouchant, à gauche, sur la place du Change, elle est continuée à droite, par la rue de la Poulaillerie Saint-Paul, puis la rue Noviale ou de la Boucherie Saint-Paul. C’est une des plus larges et des plus intéressantes de ce quartier, si riche en belle architecture et en coins pittoresques. A l’angle de la rue de l’Arbalète (5, rue Lainerie), une jolie maison gothique, à deux étages, est décorée de figures grotesques aux retombées des moulures encadrant les fenêtres. Du même côté (n° 11), remarquons cette façade à grands cordons de pierre, la porte gothique, l’allée à hautes arcatures et voûtes d'arête, l’entree de l’escalier avec ses moulures à pénétration et au-dessus, ce fier blason sculpté sur cuir enroulé, montrant un casque à lambrequins dans un encadrement de pilastres ; enfin, le puits avec son dôme à écaille (dessin, p. 256), les fenêtres à meneaux ; tout cela nous indique une opulente demeure seigneuriale. N’était-ce pas, au temps de Louis XII, une des maisons que possédait, derrière la Douane, François Dupré, vicomte de Bayeux, baron de Bourgoin, seigneur de Champagneux, du Chatelard de Rosselin ? Ici, la rue de la Poulaillerie Saint-Paul forme une petite place, par une suite de redans qui varient la perspective et animent agréablement le tableau. D'ailleurs, toutes ces habitations présentent quelque motif architectural