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le lyon de nos pères

par des familles fort riches, appartenant pour la plupart à la noblesse d’échevinage et à la grande bourgeoisie. En entrant dans la rue de l’Angile, nous rencontrons, à notre droite, une maison du xve siècle, contiguë à celle de la a Teste Noire et faisant face au Porcellet : c’est la maison de l’Angelo ou de l’Angelle, qui a donné son nom à cette rue. Deux pas plus loin, toujours à

droite, voici l’ancien hôtel de la célèbrebanque Médicis. Des le milieu du xve siècle, Cosme de Médicis avait établi un comptoir à Lyon : en 1475, Laurent y avait pour facteur Lionnet Rossi. Les Médicis occupaient, en 1493, une maison louée de Thomas Basto, dans la rue de la Juifverie, et la même année, Laurent Spinelli, « facteur de la banque de Médicis et Cosme », tenait « le derrière de la maison de Jean Palmier, visiteur du sel, donnant sur la rue de l’Angelo ». Une grande cour communique, au couchant, dans la rue Noviale ou de la Boucherie Saint-Paul, où la maison de Jean Palmier joignait des bancs de triperie et de boucherie que possédait le notaire Louis Vitton. A cette époque, la banque Médicis préta cent écus d’or au Chapitre de Saint-Jean, et l’on raconte que Charles VIII se saisit de ses valeurs, en partant pour son expédition de Naples. En face de l’ancienne banque Médicis et derrière le logis du Porcellet, se trouve, au deuxième étage, un vaste jeu de paume occupant toute la profondeur de la maison, entre la cour et la rue de l’Angile ; ce jeu de paume, situé près des hôtelleries et du Change, au milieu du quartier le plus fréquenté par les marchands étrangers, sert aussi de salle de spectacle pour les troupes de comédiens ambulants ; Molière y jouera sans doute plus d'une fois, et y donnera peut-être, en janvier 1653, la première représentation de l’Etourdi. C'est dans un logis du voisinage, ayant issue sur le bord de la Saône, que Coypeau d’Assoucy, le poète burlesque, auteur de l'Ovide en belle humeur, viendra prendre gite et séjournera quelque temps avant de suivre la troupe