Page:Le Lyon de nos pères - Emmanuel Vingtrinier.pdf/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
le lyon de nos pères

avec force grimaces la petite malle vide, tandis que l'un d’eux, poussant un peu loin l’audace et l’ironie, a déculotté le dormeur et lui baise le derrière. L’Anglais Coryat chercha vainement « quel sens moral on peut tirer » de cette peinture ; s'il eût remarqué la présence de tous les marchands qui fréquentent l’auberge, il eût aussitôt compris la naïve allégorie. — A la suite des Trois Rois, on aperçoit l’enseigne du Chapeau Rouge, puis celle du Chapeau couronné, avec de grandes cours sur lesquelles plongent, au couchant, les fenêtres de toutes ces hôtelleries. Ce sont encore le logis de Paris, celui du Lion d’Or, où est la poste pour le roi ; ceux du Pin et de l’Aigle d’argent, et au coin du port Saint-Paul, celui où pend pour enseigne Le Heaume ; cette dernière maison, qui était possédée, en 1520, par un florentin du nom de Barthélemy Poggi ou de Poges, appartenait encore en 1621, c'est-à-dire cent un an plus tard, à un membre de la même famille, qui s’appelait également Barthelemy de Poges ; il acquit de la ville une partie du port Saint-Paul pour agrandir la maison qu’il avait fait bâtir à côté. — Cette rue des Hébergeries est une des plus pittoresques, et assurément des plus amusantes, que nous ayons traversées. On nous apprend que cette maison qui a pour enseigne La porte du Roy appartenait au xvie siècle à Pierre de Bourgogne ; ces deux autres, à « Madame l’Argentière Pernette de Bourges », et celle-ci à un maître armurier nommé Gabriel de Russy. Mais ce qui captive notre curiosité, ce sont tous ces étrangers de tous costumes et de tous langages, arrivant les uns à cheval, les autres par la voie d'eau ; ce sont les airs effarés des hôteliers, de leurs écuyers et de leurs valets, qui ne savent à qui entendre et, le