Page:Le Lyon de nos pères - Emmanuel Vingtrinier.pdf/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
le lyon de nos pères

étaient assignées sur une quarantaine de maisons en ville et, au dehors sur des fonds sis dans quatorze paroisses. — Mais, l’administration des chanoines de Saint-Paul fut si négligente, que les legs pieux devinrent de plus en plus rares et que l'hôpital perdit peu à peu de son importance. Dès le commencement du

siècle le suivant, des maisons particulières envahissaient le cimetière, et jusqu’à la cour de l'hôpital. Vers le milieu du xve, le nom de Saint-Eloi, qui ne s’appliquait d'abord qu’à une simple chapelle, se substituait à celui de Notre-Dame de la Saunerie, et bientôt l'hôpital et l’église n’avaient plus d’autre vocable. Cet établissement hospitalier était tellement déchu et si profondément ignoré, à la fin du même siècle, que le Consulat résolut d’y faire placer « ung escripteau, pour remonstrer qu’il y a hospital pour les pauvres ». L’hôpital devait, en effet, recevoir tous les voyageurs pauvres ou malades, les pauvres pèlerins allant à Saint-Jacques de Compostelle « et aultres » ; desservi, à cette époque, par un homme et une femme mariés, qui y avaient leur « demeurance », il était installé dans une vieille maison, réduite à l’état de masure humide, enclavée, malsaine, qui se composait d'une salle basse et d’une salle haute, avec un certain nombre de chalits de sapin, disposés sur trois rangs et « garnis de quelques paillasses et aultres meubles ». L’autorité diocésaine en autorisa la suppression, quand les chanoines de Saint-Paul, ayant cédé au roi l’hôpital des Deux-Amants, à Vaise, pour la construction du monastère des Cordeliers de l’Observance, durent transférer ce dernier hôpital à la Chana, près de Pierre-Scize. En 1499, les bâtiments de l’antique maison de charité de Notre-Dame de Lyon étaient vendus en plusieurs lots à des particuliers. — La vieille église de Saint—Eloi, lézardée de toutes parts et menaçant ruine, était encore debout, mais ne servait plus à rien, lorsque le baron des Adrets s’empara de la ville. Un des chefs catholiques, Claude de Fenoyl, y établit un poste de vingt-cinq hommes et y soutint un véritable siège dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1562. Jusqu'au jour, il résista bravement aux assauts des soldats calvinistes ; ceux-ci durent amener du canon pour le réduire. Bientôt les vieux murs s’écroulèrent, et Fenoyl fut obligé de se rendre ; du moins, il ne voulut sortir qu’avec les honneurs de la guerre, « le tambourin battant et l'enseigne desployée ». Les vainqueurs lui firent payer cher sa résistance ; enfermé au château de Pierre-Seize, il subit une longue captivité et refusa de recouvrer sa liberté au prix du serment de ne jamais porter les armes contre les religionnaires.


Après la place de la Douane, nous trouvons, à l’angle du port Saint-Eloi et de la rue de la Saônerie, un grand logis of pend l’enseigne du Dauphin. Du côté opposé de la rue, c'est,