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le lyon de nos pères

compagnon d’armes. A cette époque il y avait souvent des fêtes à l’hôtel de Gadagne. Là, sans doute, naquirent plusieurs des dix-neuf enfants de Thomas et de Guillaume ; ce dernier était le père de Gabrielle, la fondatrice du Petit-Collège et du monastère de l’Annonciade. Le sénéchal survécut à son frère et à son fils

ainé, Gaspard, tué dans une embuscade, par les religionnaires, près de Verdun-sur-Saône ; il mourut en 1600, comblé d’honneurs par Henri IV, qui lui avait conféré le collier de l’ordre du Saint-Esprit et le titre de comte de Verdun, pour le récompenser de sa fidélité à le servir et le consoler de la mort de son fils. Nous avons vu son tombeau dans l’église des Jacobins. — Les vieux hôtels des Pierre-vive, des Gondi et des Gadagne, depuis longtemps passés en d'autres mains, conservent de beaux restes de leur ancienne splendeur. Voici la tour d’escalier et la porte gothique, la fameuse grille, curieux « chef-œuvre » de serrurerie, la jolie tourelle polygonale qui relie, dans la cour, deux corps de bâtiment ; au premier étage (n° 10), la cheminée monumentale écussonnée aux armes de France, avec son vaste manteau sillonné de moulures et ses pilastres à grosses torsades couronnées de créneaux ; enfin, le plafond de menuiserie, enrichi de sculptures et de peintures. L’échevin Philippe Gueston est aujourd’hui possesseur des trois corps de logis. La maison de la terrasse supérieure a été reconstruite depuis peu ; elle a perdu ses tourelles ; mais, exposée au levant, desservie par un large escalier orné de clef pendante et de balustres de bois, elle fait toujours une fort agréable demeure.

A la suite de l'hôtel de Gadagne, se trouve une propriété (n° 8, rue de Gadagne, et 15 bis, montée Saint-Barthélemy) que l’on appelait, à la fin du xvie siècle, la Pollade ; elle appartint à la belle Sibille Cadière, veuve de Catherin Stuart, à sa fille Jacqueline, femme de George Grolier, trésorier de Crémone, et, en dernier lien, à Anne de Bonvoisin, veuve de Pompone de la Fay, seigneur de l’Aubespin. Des escaliers conduisent, sous un passage voûté, à la cour