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le lyon de nos pères

Gondi, les Gadagne, les Laurent Capponi, les Ballini ; là demeuraient aussi des orfèvres, des artistes, tels qu’Antoine de Lesguille et Jacques Gauvain, graveur de monnaies et médailleur ; les Florentins y eurent même leur loge, à l'une des maisons d’angle.

C'est dans ce vaste tènement situé au nord de la rue du Garillan, que se trouvent les hôtels construits, ou habités jadis par les Pierrevive, les Gondi et les Gadagne. En 1493, un négociant d'origine piémontaise, Aimé de Pierrevive possédait au pied de la côte, et à l’extrémité du cul-de-sac que formait alors, au midi, la rue du Puits-de-la-Porcherie, une maison contenant dengrands tènements et des jardins contigus à la propriété de Jacques de Bletterens de Rivoyre, et s’étendant comme elle jusqu’à la rue Saint-Barthélemy. Venu à Lyon depuis une vingtaine d‘années, avec ses frères Nicolas et André, Aime de Pierrevive s’était rapidement enrichi dans le commerce de l'épicerie et de la droguerie ; il exerçait la profession toute nouvelle et fort lucrative de libraire, et bientôt, devenait receveur du domaine ordinaire de Lyonnais. Entre temps, la maison s'était agrandie de plusieurs corps de bâtiment (n° 6, place du Petit-Collige, 14, 12 et 10 rue de Gadagne). Nicolas avait un fils, et une fille qui y était née. Avant succédé à son frère dans office de receveur du domaine, il était nommé, six ans après, conseiller de ville ; ayant ainsi la fortune et la noblesse, il pouvait prétendre à un brillant mariage pour sa fille, la belle et intelligente Marie-Catherine ; il mourut, laissant à sa veuve, Jane Thurin, le soin de réaliser ce vœu. Marie-Catherine épousa, le 20 janvier 1516, Antoine Gondi, originaire de Florence et quinzième enfant d’une de ces puissantes familles de banquiers toscans qui disputaient le pas à la plus haute noblesse d'Europe. Antoine Gondi était riche ; dans le commerce des épices, qu'il faisait à Lyon depuis quelques années, il avait gagné assez d'argent pour acquérir les domaines du Perron et d’Yvours, sans compter deux immeubles en ville. Au retour de leur voyage de noces à Florence, les époux vinrent habiter d’abord la « grand maison, haute, moyenne et basse » (n° 14), où la jeune femme était née — maison joignant, au nord, avec entrée et cour communes, celle des autres héritiers de Pierrevive ; puis, celle de