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le lyon de nos pères

des terrasses, puis des jardins. Pierre Bullioud, qui habita cet hôtel, fut non seulement un personnage, procureur du roi au Siège présidial, procureur général au Parlement de Dombes, mais en même temps un érudit, comme les du Choul, les de Langes et les Bellièvre ; il recevait la visite de la plupart des hommes distingués qui s’arrêtaient à Lyon ; au temps de la Ligue, il eut un jour à sa table les cardinaux Cajetan et Bellarmin, le célèbre Genebrard, archevêque d’Aix, le grand prédicateur italien Panigarole, Mathieu de Vauzelles, enfin le Père Castor, recteur du Collège de la Trinité ; — ce repas, nous dit-on, est demeuré célèbre sous le nom de festin des Sept Sages. — Après le puits et la pyramide commémorative de la maison Croppet, nous remarquons, toujours du côté de la colline, une vaste et agréable habitation dont la cour est décorée de larges portiques et de deux étages de galeries à l'italienne (n° 6, dessins, p. 230 et 231).

Quelques pas plus loin, c'est le Collège de Notre-Dame de Bon-Secours, dirigé par les Jésuites, créé on 1630, grâce à la libéralité de Gabrielle de Gadagne, femme de Jacques Mitte de Chevrières, comte de Miolans, marquis de Saint-Chamond, lieutenant du roi au gouvernement de Lyon. — Ce second collège, qui est un externat, est installé dans une maison particulière, fort ancienne, mais assez vaste, qui fut acquise de Barthélemy Loubat-Carles, trésorier de France. En donnant aux Jésuites du Collège de la Trinité une somme de 24.000 livres pour fonder « du côté de Fourvière » ce nouveau collège, la généreuse fondatrice voulut enlever aux enfants de ce quartier l'incommodité de traverser, quatre fois par jour, la ville dans toute son étendue, et l’étroit Pont de Saône, si dangereux par l’encombrement qu’on y trouve toujours. Toutefois, le Consulat ne donna son approbation qu’à la condition « qu'il n’y aurait jamais que trois classes pour les petits enfants, jusqu’à ce qu’ils fussent capables d’aller aux hautes classes du Collage de la Trinité, et qu’on ne pourrait y construire que ces trois classes, une chapelle, et le logement pour les Pères et les régents ». Mais, comme le Petit Collège n’a cessé de prospérer depuis douze ans, le Consulat permettra, en 1647, qu'on y ajoute deux autres classes, et, en 1650, une sixième classe, toutefois avec défense d'y lire la théologie et la philosophie. Le roi Louis XIII, quelques mois avant sa mort, avait accordé à cet établissement une pension annuelle de deux mille livres. Plus tard, et à diverses reprises, la ville donnera quelques subsides pour les réparations urgentes des bâtiments, « par pure charité, vu le besoin et le danger ». (Ils seront entièrement reconstruits de 1726 a 1734).— Vers ce temps-là, en 1668, le Père de la Chaize, futur confesseur de Louis XIV, sera le recteur du Petit Collage de Notre-Dame de Bon-Secours, avant d’exercer la même fonction au Grand Collage de la Trinité. — Une église « très petite et incommode », et une chapelle sous invocation de saint Ignace et de saint François-Xavier, sont jointes à la maison. C’est la que repose, dans un tombeau neuf, Gabrielle de Gadagne, la généreuse fondatrice du Petit Collège, des Minimes de Saint-Chamond, et du premier monastère des religieuses Annonciades Célestes de Lyon. La veuve de Jacques de Chevrières, marquis de Saint-Chamond, est morte en 1635 ; elle n’a pas eu la douleur de connître la fin tragique de son fils unique Jean-François, emporté, dans la fleur de l’âge, par un coup de mine au siège de Turin, en présence de Louis XIII, « qui ne put, dit-on, s’empêcher de témoigner le déplaisir qu'il eut de cette perte ».

En face du Petit Collège, débouche la rue dite « vis-à-vis les Petits Jésuites », ancienne ruelle Berthet (Petite rue Tramassac). Jusqu’au milieu du xvie siècle, il n'y avait pas de passage plus