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haut magistrat a fait, depuis peu de temps, reconstruire cette demeure, qui est l'ancienne maison du prieuré de Saint-Alban. Ce prieuré dépendait de l'abbaye de Saint-Claude ; il fut aliéné vers la fin du xvie siècle, et la maison ainsi que la

petite église sont devenues la propriété de la famille de Sève. La petite église de Saint-Alban montre la pointe effilée de son mince clocher prismatique, derrière l’hôtel de Fléchères, au couchant, entre la rue des Fouettés et celle de Porte-Froc (rue actuelle de la Bombarde). C’est un très ancien sanctuaire, qui avait été donné, vers l’an 1137, sous la réserve de dix sols de cens, par l'archevêque Pierre, à Odon I, abbé de Saint-Claude. Chaque année, à la Saint-Yves, qui tombe le 19 mai, la corporation des notaires y fait célébrer une grand’messe, à laquelle tous les membres sont tenus d’assister ; le dimanche qui suit le décès de l'un d’eux, une messe est célébrée dans la même chapelle à la mémoire du défunt.


Parvenus à la rue de Porte-Froc, nous laissons au midi le cloître de Saint-Jean, que nous avons visité, et nous montons par la rue de la Bombarde. Le sieur Jean Bérodat, maître du logis où pend l’enseigne de ce nom, est sur le seuil de sa porte ; il nous invite à nous rafraîchir. Le bonhomme est très loquace. Entrons donc ; il nous contera peut-être des choses intéressantes. Tout de suite, en effet, maître Bérodat nous apprend tout ce qu’il sait sur l’ancien état des lieux qui avoisinent son logis. — « Autrefois, nous dit-il, sur emplacement du Chemin-Neuf, ouvert par le baron des Adrets, les abbés de Cluny possédaient un vaste ténement de vignes et de jardins, — le tènement de la Bombarde, limité au nord par la ruelle de Tire-Cul (montée des Chazaux) — avec une grande maison au bas, sur la rue Tramassac, qui commençait à la Brèche du cloître de Saint-Jean et se prolongeait par la rue appelée aujourd'hui du Bœuf. Quand l’ouverture du Chemin-Neuf eut divisé leur domaine, les abbés de Cluny le vendirent, ainsi que leur maison située au midi de ce chemin. Quelques années plus tard, un avocat, nommé Lambert Pinet, fit bâtir de l’autre côté du Chemin-Neuf, cette maison, à l’enseigne de l’Aube