parlement de Dombes... L’ensemble de cette magistrature constitue un corps des plus imposants. Il faut voir, aux entrées solennelles, le tribunal de l’Election, précédé de ses sergents à cheval ; les sergents royaux de la Sénéchaussée,
également à cheval; les huissiers audienciers en robe, à cheval en housse, et leur baguette à la main ; puis, le receveur des consignations et le greffier de l’audience, les commissaires enquêteurs, l’avocat du Roy et lieutenant de robe courte ; Messieurs les conseillers de la Sénéchaussée ; enfin, revêtus de la robe écarlate, M. le Président et M. le Lieutenant général en la Sénéchaussée et Siège présidial de Lyon, M. le lieutenant particulier, civil et criminel. Ce grand corps judiciaire, fier à juste titre de ses prérogatives, mais plein de hauteur et de morgue, se pose en autorité rivale de celle du Consulat ; ce sont, entre eux, de fréquents démêlés, des querelles de préséance, qui exigent parfois l'intervention de la force armée, en attendant que vienne s’interposer la volonté royale. — Autour du Palais s’agite le monde de la chicane. Procureurs, en robe et bonnet carré ; avocats, en robe à manches vêtues, avec le bonnet carré, le chapeau fourré ou la cornette ; huissiers et sergents, soldats du guet, scribes et saute-ruisseaux, plaideurs, curieux et désœuvrés, montent et descendent ou stationnent sur les degrés, discutant un point de droit ou commentant un arrêt. — Le 12 septembre 1642, vers les trois heures de l’après-midi, une foule silencieuse et morne se pressait sur la place de Roanne, lorsque parurent au haut du perron MM. de Cinq-Mars et de Thou, qui venaient de s’entendre condamner à mort par Messieurs les commissaires députes par le roi, sur le rapport de M. de Lauhardemont, conseiller d’Etat. Is saluèrent le peuple, avec tant de douceur et de bonne grâce, que tous les yeux s’emplirent de larmes. Voyant qu'on allait les faire monter en carrosse, M. de Cinq-Mars dit à M. le prévôt : « — Quoi! Monsieur, va-t-on comme cela en Paradis ?... Ces Messieurs nous traitent avec une grande civilité de ne nous point lier, et de nous mener en carrosse. » Et comme il y entrait, il reprit, s’adressant & deux soldats : « — Voyez, mes amis, on nous mène au ciel en carrosse. »
Au midi de la place de Roanne s’élève une grande et belle habitation, précédée d'un avant-corps décoré de bossages et formant une large terrasse bordée de pots de fleurs. C'est hotel de M. Pierre de Sève, baron de Fléchères, lieutenant général en la Sénéchaussée et Siège présidial, premier président du parlement de Dombes, gendre de feu le président Balthazar de Villars. Ce
