Page:Le Lyon de nos pères - Emmanuel Vingtrinier.pdf/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
le lyon de nos pères

le peuple en fit un jeu de mots, par allusion au petit instrument dont se servent les scribes des procureurs. Les étuves ont depuis longtemps disparu, mais il existe encore un jeu de paume dans la maison des Quatre-Vents. D’ailleurs, cette rue possède aussi plusieurs belles maisons (notamment les nos 3, 5 et 7), qui, dans le cours du xvie siècle, appartenaient à de gros personnages, tels que le président Paterin et M. de Sennecey, Jean de Buirin, conseiller en la

sénéchaussée, Pompone de Bellièvre, Henri du Fay, seigneur de la Duchère, Nicolas de Varenano, « maistre des courriers ». Comme toutes celles avoisinant le Palais de Roanne, elle est habitée par des magistrats, des avocats et des procureurs. — Une étroite ruelle, qui longe le Palais au midi (dans l’axe du pont actuel du Palais de Justice), communique directement de la rue Saint-Jean à la place de Roanne ; on l’appelle rue des Fouettés, un nom qui sent terriblement le voisinage de la justice : c’est, en effet, dans cette ruelle que l’on commence à fustiger les malheureux qui se sont rendus coupables d’un crime emportant la marque.

Nous voici devant ce redoutable palais de Roanne, siège de la justice royale, devenue toute-puissante à Lyon depuis que, à la mort du cardinal de Tournon, elle a absorbé la juridiction ordinaire et séculière des archevêques. La façade regarde la place et le port créés par Francois Ier sur emplacement de l’ancien jardin du Palais (voir dessins et notes, p. 220-221). L’édifice, de médiocre étendue, a perdu, au moins à l’extérieur, l’aspect féodal qu’il avait encore au milieu du xvie siècle, et l’on n’y aperçoit plus les menaçants créneaux que les gardiateurs de la ville ou les lieutenants du