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le lyon de nos pères

d’Ainay — le Consulat faisait reconstruire le port de la Baleyne, qui tombait en ruine, et qui était

« le seul lieu propice pour abreuver les chevaux de tout le quartier, l'un des principaux de la ville, dans lequel — font observer les actes consulaires — est l’hostel dudit seigneur, comme sont les escuyries où il tient ses chevaux ». M. d’Halincourt mourait l'année suivante ; son fils, Nicolas de Neufville, qui lui a succédé dans les fonctions de gouverneur des trois provinces de Lyonnais, Forex et Beaujolais, est en même temps le gouverneur du jeune roi Louis XIV et un zélé courtisan ; il réside peu à Lyon. Néanmoins, il agrandira son hôtel, en

1655, par l'acquisition de la vieille « maison des Cailles », appartenant à M. Falques d’Aurillac, président au Parlement de Grenoble ; le Logis du Gouverneur, ainsi étendu, deviendra la résidence habituelle de Camille de Neufville, lorsque ce dernier, investi des pouvoirs du gouverneur son frère, et bientôt élu archevêque de Lyon, à la mort du cardinal-archevêque Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, réunira dans ses mains la double autorité spirituelle et temporelle. Aussi cette demeure officielle, que le prélat ne quittera guère durant cinquante ans, jusqu'à la fin de sa vie, que pour aller se reposer dans son château d’Ombreval, à Vimy (Neuville-sur-Saône), retrouvera-t-elle avec lui son animation d'autrefois. Christine, reine de Suède, y descendra en 1656. Le maréchal de Villeroy installera dans son hôtel un théâtre, sur lequel Molière jouera, le 15 février 1657, au profit des pauvres malades de l’Hôtel-Dieu ; l'année suivante, au mois de décembre 1658, pendant le séjour de Louis XIV et de la cour, les comédiens de Mademoiselle y donneront une série de représentations, devant le roi, Monsieur, Mademoiselle de Mancini et Mademoiselle de Montpensier. Plus tard, ce sera en grande partie afin d'agrandir la salle de spectacle, que Francois de Neufville, duc de Villeroy, achètera et fera rebâtir la maison de Pramiral, située au midi de la place, au coin de la rue Saint-Jean et de la place de la Baleyne. Après les revers de la fin du règne de Louis XIV, le funeste maréchal, vieilli, tombé en disgrâce, exilé dans son Gouvernement, paraîtra une dernière fois, avant sa mort, dans cet hôtel, que son fils, le due de Retz, s'empressera de vendre au Consulat.

Nous sommes arrivés à l’étroite et longue place autrefois appelée du Grand-Palais, aujourd'hui place de la Baleyne ; elle communique au port du même nom. Devant une maison de la façade septentrionale, nous remarquons une superbe porte Renaissance, sculptée avec un art exquis (n° 1, dessin p. 219). Du côté de la rue Saint-Jean, une ancienne et vaste demeure du xve siècle (n° 24,