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le lyon de nos pères

Louis XI leur déclara « qu’il avoit et tenoit pour prisonnier au chasteau de Pierre-Scize le duc de Nemours » ; or, « il vouloit et entendoit que ledit due fit bien gardé par les habitants de la ville, et le leur bailloit en garde sur leurs vies,

comme avoit fait le duc de Bourgogne a ceux de Mons au sujet du connestable, et qu'ils y avisassent et s’y missent ensemble pour délibérer et adviser. Aprés quoy les conseillers, et avec eux noble Ymbert de Varey, maistre d’hostel du roy, et Jean de Villeneuve, courrier de la ville, se tirèrent à part et arrestèrent que, pour bien délibérer en une affaire de cette importance, il falloit convoquer demain matin tous les notables de la ville jusqu’à deux cens. En effet, le lendemain, se trouvèrent lesdits notables en grand nombre à l'hostel de ville, et il y fut délibéré de répondre audit seigneur roy que un chacun étoit prest d'exposer corps et biens au bon plaisir et commandement dudit seigneur, et que pour sûrement garder ledit seigneur de Nemours, la geve ou gabie (cage) qu'il a plu ordonner pour lui fût apportée en l'hostel de la ville, dedans laquelle il seroit mis ; avec la garde que l'on y fera en bon nombre de gens, tant de jour que de nuit, il y seroit plus sûrement gardé que autre part. » Au fond, les conseillers ne se souciaient point d’avoir la garde du prisonnier; ils essayèrent d’alléguer les grandes charges de la ville, que les habitants étaient « presque tous gens de telle condition qu’ils ne peuvent vivre sans gagner leur vie de jour à autre », et ils finirent par déclarer que « le déchargement de la garde du sieur de Nemours leur seroit plus avantageux, offrant toujours d'estre prests…», etc. Ne voit-on pas la scène ? Mais Louis XI ordonna que Jacques d’Armagnac, duc de Nemours, qui s’était allié aux ennemis de la France, resterait au château de Pierre-Scize, que le Consulat ferait construire la cage de fer et veillerait 4 la garde du prisonnier. Il n’y avait plus qu’à exécuter l'ordre du roi. Rassuré du côté de son ennemi, l’hôte de Jacques Caille, sans perdre de vue ses projets politiques, reçut la visite de son oncle le roi René, et se plut a lui faire admirer le spectacle des grandes foires lyonnaises, dont la prospérité était son œuvre. — Cette « maison des Cailles » ou d’Aurillac était destinée à devenir un logis officiel, comme le montrent les verrières des fenêtres, peintes et décorées, par Lancelot Bonardet, d'écussons aux armes du roi. Après la mort