qui, la dernière de sa famille, a possédé cette élégante et commode habitation (voir plus haut les dessins des pages 202 et 211).
Tout à côté, commence la rue Saint-Jean, qu’on appelait autrefois la Grande-Rue, parce qu’elle est une des plus larges et des plus droites de la ville, et, plus anciennement encore, rue du Palais — vicus Palatiae — parce qu’elle passait devant le « Grand Palais ». Pendant des siècles, ces vieux hôtels, habités par la noblesse de robe et dont nous allons admirer la riche ornementation, furent témoins de merveilleux spectacles : cortèges royaux, processions religieuses, défilés de toutes sortes ; « eschaffauds » dressés à tous les carrefours, et devant lesquels s’arrêtaient les souverains pour ouïr quelque ingénieuse « ystoire » préparée en leur honneur ; brillants tournais, comme à la Grenette et à la rue de la Juifverie ; et chaque jour, et à toute heure, depuis l’ouverture jusqu'à la fermeture des portes de la ville, un passage continuel de gens d’église, d’officiers de justice, de hauts personnages, arrivant à cheval, et se rendant les uns à l’hôtel du Gouverneur ou au Palais de Roanne, les autres au cloître de Saint-Jean. — Le long des façades, ces figures d’animaux sculptées (n° 3), ces
grotesques placés aux corbeaux soutenant les retombées des arcs en accolade (n° 7, dessin p. 212), semblent figés dans la contemplation de toutes les merveilles qui ont passé devant leurs yeux de pierre. — Entrons dans une de ces charmantes demeures du xve siècle (n° 9, voir les dessins, p. 244 et 215) : de larges galeries à double arcature reposent sur un léger fuseau central, avec des culs-de-lampe délicatement sculptés aux retombées des archivolte ; ici un animal fantastique, là une sirène, un singe ; les nervures des voûtes, les moulures des piliers et des portes palières, les fenêtres à doubles meneaux, la tour d’escalier à noyau central terminé en
