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le lyon de nos pères

le feu de joie que les chanoines allument sur la place Saint-Jean, le feu de la ville est allumé au milieu du Pont de Saône par les soins de maître Pierre Bergeret, ingénieur « ez artifices et poudres de feux de joye de la Ville ». Précédés de leurs mandeurs, les échevins, revêtus de leur robe violette, et les ex-consuls, en robe noire, vont prendre en son hôtel le seigneur abbé Camille de Neufville, lieutenant pour le roi de son frère le gouverneur, et lui font escorte ; la compagnie du guet forme la haie à l’entrée du pont ; celle des arquebusiers de la ville, depuis l’entrée du pont jusqu’au pied de la « machine de bois ». À l’arrivée du cortège, le sieur Simon Maupin, voyer de la ville, présente des flambeaux de cire blanche à M. Camille de Neufville, à M. l’intendant, aux échevins et aux trois officiers du Consulat ; puis, M. le lieutenant du roi commence les trois tours accoutumés autour de la machine, et y met le feu ; après lui, marchent M. l’intendant, M. Alexandre Mascrani, prévôt des marchands, les échevins, les officiers ; enfin, chacun d’eux allume un bout de mèche disposé de telle sorte qu’avant l’embrasement de l’artifice ils aient le temps de se rendre, par la rue Saint-Jean, à l’hôtel du gouverneur, et de prendre place sur un balcon, d’où ils jouissent à leur aise du spectacle des artifices illuminant les eaux et les rives, et assistent aux manifestations de la joie populaire. — Le feu de joie sur le Pont de Saône est, d’ailleurs, l’accompagnement traditionnel de tout heureux événement. Le matin, on chante un Te Deum à la Cathédrale ; le soir, des feux s’allument dans tous les pennonages, et au milieu du pont s’embrase la machine aux artifices. Il en fut ainsi le 13 septembre 1638, à la nouvelle de la naissance du Dauphin ; M. d’Halincourt présidait à la fête.