sur la pile septentrionale du milieu, à l'endroit où se dresse aujourd'hui une croix, posée vers 1582, et où les échevins, pour conjurer le retour de la peste, ont fait le vœu d'édifier une grande niche en pierre qui abritera une statue de la Vierge. — C'est dans la tour de l’Arc Merveilleux qu’était le beffroi ou cloche d’alarme, dont la possession appartint aux citoyens pendant le jour et aux chanoines pendant la nuit, jusqu'à l'époque où les bourgeois le firent transporter, pour en
être exclusivement les maîtres, dans le clocher de Saint-Nizier. Tant que durèrent les démêlés avec le Chapitre, le Pont de Saône fut maintes fois le théâtre de luttes sanglantes ; au premier coup de beffroi, les citoyens prenaient les armes et couraient aux tours, qu'il s’agissait avant tout d'occuper en force afin de mettre la ville à l'abri d’un coup de main et de se ménager le passage libre sur le quartier de l'ennemi. — Ces temps héroïques étaient bien oubliés lorsque, en 1560, le maréchal de Saint-André voulut faire construire au milieu du pont « un portereau pour y asseoir garde de jour et de nuit». Mais « le tout resta sans effet, dit un contemporain, tant par faulte de moyens, comme aussi parce que les habitants de Lyon ne pouvoient gouster ce portereau », qui eût fait dune seule ville deux grands villages dont les populations auraient pu, avec le temps, se séparer de sentiments et devenir hostiles l'une à l'autre, « comme l'eussent été les Guelfes et les Gibelins ». — Plus d'une fois il fut aussi question d’élever des constructions en se servant de l'assise naturelle que présentent les roches de la Saône : au milieu du XVIe siècle, on conçut un projet encore plus fâcheux que celui du maréchal de Saint-André : c'était de bâtir là un hôtel de ville ; les actes consulaires mentionnent la somme de quatre-vingt-quinze livres douze sols et neuf deniers qui fut comptée au maître cha-
