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le lyon de nos pères

publications à son de trompe se font à chacune des deux descentes du pont. Pas un étranger ne traverse la ville sans franchir le Pont de Saône ; c'est la voie que l'on suit depuis des siècles pour aller du « côté de Saint-Nizier » au « côté de Fourvière », de « la part de l'Empire » à « la part du Royaume ». Elle n’est

pourtant pas large : dix-huit a dix-neuf pieds. En amont, des constructions obstruent l'issue de la rue de la Pescherie, qui fait un coude pour aboutir a l'Herberie ; en aval, aucun passage ne communique vers le port Chalamont ; pour y arriver, il faut prendre par la Petite rue Mercière. Á droite et à gauche, les maisons s’avancent jusque sur le pont, et elles forment comme un commencement de rue. L’espace est si parcimonieusement mesuré dans cette ancienne partie de la ville, qu’il a été question, à diverses reprises, d'élever des édifices publics au milieu même de la rivière, sur les roches qui servent de fondations a ces neuf arches inégales et plusieurs fois centenaires. Au coin de la descente, une jolie niche abrite une Vierge à l'Enfant, foulant aux pieds un serpent ; |e sculpteur, Bernard Sibrecq, a su donner à su donner à son œuvre une grâce et une naïveté charmantes. Du reste, il y a ainsi, dans tout le

voisinage, aux angles des rues même les plus sordides et devant un grand nombre de maisons, des statues du Christ, de la Vierge ou des saints. On en rencontre non seulement aux alentours de Saint-Nizier, mais dans toutes les rues de la presqu’ile, depuis Bellecour jusqu’aux Terreaux, et, si nous ne les avons que rarement notées au passage, c'est parce qu'il était impossible de nous arrêter à chacune de ces pieuses effigies : ici le Bon Pasteur, là une Annonciation ou une Notre-Dame de Pitié ; la Vierge tenant l'Enfant Jésus se retrouve presque à chaque pas. Ce sont aussi les saints les plus vénérés et les plus populaires : saint Pierre, saint Etienne, saint Jean-Baptiste, saint François, saint Nicolas, saint Hubert. Beaucoup de ces statues, toutes récentes et encore blanches, furent exécutées par de bons sculpteurs lorrains ou flamands, George Wallon, George Imbert, Bernard Sibrecq, Martin Hendricy ; le goût et variété de leur décoration contribuent