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le lyon de nos pères

Les vieux fossés des Terreaux, remis par le roi aux échevins en échange des terrains qu’ils avaient achetés pour élever les fortifications de la colline Saint-Sébastien, furent comblés d’abord, de 1538 à 1540, du côté de la Saône, afin d’y établir la Boucherie de la Lanterne, puis, vers 1556, sur l’emplacement du massif de maisons qui forme la façade occidentale de la place, entre la rue des Basses-Écloisons et celle (rue d’Algérie) qui, au nord, mène à la Boucherie. La place

même des Terreaux fut remblayée en 1578. Quant à la partie orientale, située entre la rue des Écloisons et celle « tendant à la porte de l’abreuvoir du Rhône » (rue Puits-Gaillot), elle fut comblée en 1564, par les protestants, après l’édit de pacification ; ceux-ci ne pouvant plus avoir de temple dans l’intérieur de la ville, le maréchal de Vieilleville leur assigna cet endroit pour établir leur prêche. Ils se mirent à l’œuvre avec une extraordinaire ardeur ; grands et petits, hommes et femmes, au nombre de deux ou trois cents, portaient la terre pour combler les fossés, « et faisait bon voir — dit Rubys — les damoyselles deux à deux, retroussees jusques à my jambe, monstrant la grève, et la chausse bien tiree, portant le benot par les manilles, chantants leurs chansons de Marot et de Beze, à gorge desployee, et se faisoiont maintes collations ès jardins de là environ, non sans beaucoup de commodité pour les amoureux ». La construction s’éleva rapidement ; un cimetière y attenait, le tout clos de murs. Mais, au mois de septembre 1567, après la découverte du projet que les huguenots avaient formé de s’emparer de Lyon par surprise, il se produisit une vive émotion populaire ; les temples des protestants furent fermés ; celui des Terreaux et celui de la Fleur-de-Lys, à Bourgneuf, furent saccagés et ruinés ; les échevins se saisirent des terrains. Après avoir, en 1581, concédé à titre précaire le cimetière et le bâtiment dévasté du temple des Terreaux aux recteurs de l’Aumône générale, qui se proposaient d’édifier sur cet emplacement un hôpital pour les mendiants, le Consulat en à repris possession depuis que cet hôpital a été élevé à Bellecour, et bientôt il fera bâtir à cet endroit un hôtel de ville monumental, qui fera l’admiration des étrangers (voir plus haut, p. 193 et 195).

Derrière les constructions assises au levant de la place, on aperçoit, près de la rue des