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le lyon de nos pères

Saint-Cosme, chez un coreligionnaire, l’épicier Jean Archimbaud, puis au cimetière de Saint— Pierre-les-Nonnains, qui était alors clos de murailles ; à la fin de la même année, ils transportèrent leur prêche dans les dépendances d’un logis de la rue Longue, où pendait l’enseigne de Saint-Martin et qui appartenait à l’Allemand Martin Ponthus : c’est pourquoi le temple qu’ils édifièrent sur ce terrain fut appelé le « Temple Martin ».


La place du Plâtre s’appelait jadis « Plastre du Saint-Esprit », parce que la confrérie du Saint-Esprit, érigée dans l’église de Saint-Pierre, possédait là une grange, au-devant du « puits de Mal Conseil ». Chaque année, depuis des siècles, le jour de la fête de saint Pierre, des réjouissances avaient lieu sur la place du Plâtre, en souvenir de la réunion des Grecs et des Latins au deuxième Concile général de Lyon ; à présent, c’est sur la place Saint-Pierre que l’on danse ce jour-là. — Laissons à notre droite la rue du Bât-d’Argent et la bonne hôtellerie où pend l’enseigne de ce nom. Une petite rue mène directement aux Terreaux ; jusqu’en 1563, elle n’aboutissait qu’à l’extrémité occidentale de la rue du Pizay et s’appelait rue de Mal-Conseil ; c’est le baron des Adrets qui l’a ouverte jusqu’au bout, à travers les jardins de l’abbaye de Saint-Pierre, lesquels s’étendaient beaucoup plus loin au levant. Le prolongement de cette rue s’appelle aujourd’hui rue Clermont, en l’honneur de très haute dame Françoise de Clermont, abbesse de Saint-Pierre (fille de Jeanne de Poitiers, sœur de la duchesse de Valentinois), qui pourtant multiplia, mais en vain, les démarches pour obtenir la restitution des terrains enlevés au monastère.

Par la rue du Plâtre, en longeant les dépendances de l’abbaye, nous arrivons à la place Saint-Pierre. Au milieu, se dresse une croix ; au levant, s’élèvent les églises contiguës de Saint-Pierre et de Saint-Saturnin, vulgairement Saint-Sorlin, celle-ci à l’angle même de la rue du Plâtre. Au midi, nous apercevons la tortueuse et sordide rue Roland, débouchant sur l’ancienne place du Chanvre, en face de la rue Saint-Cosme, qui forme, dans la direction du couchant, un contour en sens inverse. Vers le milieu de cette dernière, une vieille chapelle décorée de colonnes et de chapiteaux en marbre : c’est la chapelle de Saint-Cosme et Saint-Damien, ancienne rectorerie de la dépendance de l’église de Saint-Pierre, affectée plus tard à la confrérie des barbiers-chirurgiens, dont saint Cosme est le patron, et servant encore de titre à une bonne prébende (N° 1 de la rue actuelle ; voir la note p. 186). — Sur la place Saint-Pierre, se trouvent le Poids de la ville, la maison à l’enseigne de l’Oyseau du Paradis (n° 2), où habitait, à la fin du xvie siècle, le peintre dauphinois Estienne de Martellange, père du frère jésuite, architecte du Grand-Collège de la Trinité ; au sud-ouest, la rue du Puits-Ranco ou de la Palme, conduisant à la Platière et au coin de laquelle est une effigie de Louis XIII sculptée par Gérard Sibrecq ; au fond, la petite ruelle de l’Asne, communiquant à la rue de la Luyzerne ; enfin, au nord, l’étroit défilé de la rue Saint-Pierre. — Le cimetière de Saint-Saturnin occupait autrefois la plus grande partie de cette place ; c’est ici que les protestants chantèrent pour la première fois les psaumes de Clément Marot. Deux ans plus tard, pendant les troubles de 1562, ils rasèrent les murs du cimetière et démolirent l’ancienne église de Saint-Saturnin, où se faisaient les fonctions curiales (voir la note p. 191). Les paroissiens ont fait rebâtir leur église et, comme au temps passé, le « curé de Saint-Pierre et Saint-Saturnin » y baptise, marie et célèbre les offices paroissiaux, Saint-Pierre est proprement l’église de l’abbaye des Bénédictines, l’un des plus anciens