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le lyon de nos pères

clocher, se trouve la chapelle des Villars (Fonts baptismaux), construite en l’honneur de leurs saints patrons par Pierre et Jérôme de Villars, qui furent, l’un après l’autre, archevêques de Vienne ; sur un monument funéraire placé en face de l’autel, on lit une épitaphe à la mémoire de François de Villars, père des fondateurs, décédé en 1582.

Si nous faisons le tour de l’édifice, nous trouvons, au nord, la rue et la place de la Fromagerie ; des échoppes et des bancs obstruent tout le côté de l’église. La grande maison d’en face, qui fait le coin de la Petite rue Longue, et qui communique par une allée de traverse à la rue Longue, est l’ancien Hôtel de Ville : le Consulat y tint ses délibérations pendant cent quarante et un ans, avant de s’installer, en 1604, dans la rue Vandran, à l’hôtel de la Couronne. Aucun luxe ne distinguait cette demeure de celles des simples particuliers ; la grande salle était décorée de verrières avec écussons armoriés, peints à la fin du xve siècle par Pierre d’Aubenas, et, vers la fin du xvie, par Bertin Ramus et Nicolas Durand, maître-verrier de la Cathédrale ; les croisées des autres salles étaient encore garnies de papier. Des banquettes couvertes de drap vert servaient de siège aux échevins ; depuis que le roi Henri IV a réduit leur nombre à cinq, ils siègent sur des fauteuils de velours violet. Sur la muraille, au fond de la cour, on voyait une inscription, avec les Tables de Claude. Mais, si l’ancienne Maison de Ville était d’une extrême simplicité, le Consulat ne négligeait rien pour la mettre à l’abri d’un coup de main ; il y avait installé un véritable arsenal, et les canons, les « fauconneaux », étaient rangés en face, le long du mur de l’église. Néanmoins, quand les calvinistes surprirent Lyon, dans la nuit du 30 avril 1562, et s’emparèrent de l’église Saint-Nizier, Maurice du Peyrat et ses arquebusiers, dits les à Soldats du Purgatoire », combattirent vainement pour défendre l’Hôtel de Ville : criblés de coups de mousquets tirés du haut de la tourelle qui surplombe la Fromagerie, ils furent contraints de se rendre prisonniers. — Cette maison appartient encore à la ville ; mais elle est devenue la boutique d’un marchand. — Derrière le chevet de l’église, est situé le cimetière paroissial, où se trouvait l’ancien oratoire de la Confrérie des Vignerons, démoli, ainsi que la muraille d’enceinte, par le baron des Adrets. Ce cimetière, beaucoup moins étendu qu’autrefois, laisse un peu plus de dégagement à la petite place de la Fromagerie (voir plus haut la note p. 181).

Il est bordé, au levant, par la rue des Forces, que la rue de la Gerbe relie aux Cordeliers, et qui a pris son nom de sa première maison, à l’angle de la rue Gentil, où l’on voit pour enseigne des forces à tondre les draps. Entre la rue des Forces et la rue Buisson, les petites ruelles des Prestres et de Villars forment un dédale de cloaques infects et d’obscurs culs-de-sac ; — c’est au fond de l’impasse de Villars que l’abbé Charles Démia fondera, en 1670, le Séminaire Saint-Charles ou des Petites-Écoles (emplacement de la Banque de France). — Outre les débouchés de la rue des Forces et de la rue Gentil, la place de la Fromagerie reçoit celui de la rue Neuve et celui de la rue Seraine (rue de l’Hôtel-de-Ville ; voir la note p. 189), qui conduit à la place du Plâtre ; et toutes ces voies sont extrêmement resserrées ; aussi, ce carrefour-biscornu est-il fréquemment encombré et même dangereux. C’était bien encore autre chose, lorsqu’il n’y avait qu’un étroit défilé entre la chapelle des Vignerons et l’oratoire de Notre-Dame de rue Neuve, qui était situé vis-à-vis de cette rue et que les réformés ont également fait disparaître. Au levant de la rue Seraine, nous rencontrons, quelques pas après la rue Neuve, l’issue de la rue Mulet, autrefois rue de Montribloud ; pendant le moyen âge,