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le lyon de nos pères

la nuit des temps. Ils aiment surtout Saint-Nizier parce que ce fut le berceau de leurs libertés municipales : c’est, à leurs yeux, comme une sorte de cathédrale civile, rivale de la cathédrale ecclésiastique. Ce monument, aux lignes en dépit

de son portail harmonieuses et d’une admirable unité, renaissance commencé sur les plans de Philibert de l’Orme ; ce clocher dont la flèche s’élance hardiment dans le ciel et dont le sommet domine la ville entière ; ces puissants contreforts, ces arcs boutants et ces gargouilles, cette charmante tourelle du transept nord, où jadis veillait le guetteur de nuit, et jusqu’à ces balustrades finement découpées, sortes de remparts aériens, — placés sous la garde du vieil évêque dont l’effigie surmonte le pignon de la façade, — tout, dans cet édifice religieux où se perpétuent les cérémonies solennelles de la vie de la cité, tout cela, aux regards des citoyens de Lyon, est comme le palladium de ce qui leur reste encore de leurs anciennes libertés. — L’intérieur de l’église est d’une extrême richesse ; à la voûte en arc surbaissé de la grande nef, ce sont les capricieuses évolutions des nervures ; aux chapiteaux, des feuillages sculptés mêlés de quelques animaux ; sous les tribunes, aux élégants profils, des culs-de-lampe à figures humaines ou monstrueuses ; et, à la voûte, aux arcs, partout, une multitude d’écussons coloriés aux armes des archevêques et des familles bourgeoises qui contribuèrent à l’érection des diverses parties de l’édifice. Le long des bas-côtés, règne une double rangée de chapelles : à droite, en entrant, voici celle de Sainte-Anne et Saint-Eustache (aujourd’hui Sainte-Catherine), fondée au xve siècle par Pierre de Beaujeu ; puis celle dédiée à l'Assomption de la Vierge et au Saint-Esprit (Saint-Joseph), appartenant aux cordonniers ; Sainte-Marie du Christ {Sainte-Élisabeth), aux merciers ; dans le transept méridional, l’autel de Saint-Maurice (aujourd’hui de la Vierge), aux teinturiers, avec une belle Descente de Croix, d’Horace Le Blanc. A l’extrémité du collatéral se trouve la chapelle