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le lyon de nos pères

solennelle, « où l’on voit figurer, dans leur costume traditionnel, les douze apôtres, les trois Rois, et notre Sauveur monté sur une ânesse ». — Dans la troisième travée de l’édifice, il y à une tribune fermée n’ayant vue sur la nef que par une fenêtre : c’est l’oratoire particulier de la famille de Chaponay, propriétaire

de la maison contiguë, dont l’allée communique à la chapelle par une petite porte au couchant. — Cet antique sanctuaire de Saint-Jacques a été mutilé par les calvinistes, dépouillé de ses statues, de ses verrières de Jean de Juys et de Janin Sacquerel : il n’en est pas moins intéressant en raison de la place qu’il occupe dans l’histoire municipale de Lyon. Sans gêner le service religieux de chaque jour, le Consulat y tint pendant plus de cent ans ses séances ordinaires, les assemblées des maîtres des corporations et des notables. Sur les murs de cette chapelle, longtemps même après qu’il eut cessé de s’y réunir, étaient affichés le grand tableau des privilèges, celui du barrage du Pont du Rhône, les carcabeaux ou mercuriales de la boulangerie, à côté d’un calendrier et du tableau des Évangiles. — Aujourd’hui encore, le Consulat vient, chaque année, à la chapelle Saint-Jacques, assister à la messe du Saint-Esprit, qui est célébrée le dimanche avant la fête de saint Thomas, jour de la proclamation du corps consulaire, et c’est toujours dans cette enceinte exiguë que l’on procède aux assemblées électorales, — de même que c’est à Saint-Nizier, le 21 décembre, jour de la Saint-Thomas, que se fait la proclamation solennelle des échevins nommés le dimanche précédent, et que l’orateur désigné par le Consulat prononce l’oraison doctorale. Comme autrefois, l’horloge de Saint-Nizier règle les heures des délibérations. La grosse cloche de l’église, qui continue à tinter le « séral » chaque soir et à sonner l’alarme en cas d’« effroi », sert toujours à convoquer aux séances de conseil et aux réunions de métiers ; la rue Vandran n’est qu’à deux pas. Jusqu’à présent, dans le choix des hôtels successivement affectés aux services municipaux, les échevins ont eu soin de ne jamais s’éloigner du clocher de leur église ; s’ils allèrent une fois jusqu’à la rue Grenette, dans l’immeuble qui sert aujourd’hui de « halle aux bleds », ce fut pour revenir, au plus tôt, s’abriter à l’ombre de Saint-Nizier. — Cette église, que tant de générations de bourgeois, depuis Jean de Marines jusqu’à Pierre Renouard et ses successeurs, ont patiemment élevée, de la fin du xive siècle au xviie, sur le sol sanctifié par le tombeau de Saint-Pothin et sur les fondations de l’ancienne basilique des « Saints-Apôtres », puis des « Quarante-Huit Martyrs » — première cathédrale détruite par les Sarrasins et relevée par Leidrat —, cette église, renfermant dans sa crypte les cendres des anciens évêques, n’est pas seulement chère aux Lyonnais à cause de ces vénérables souvenirs, qui commencent à se perdre dans