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le lyon de nos pères

repos public. L’exécuteur de la haute justice, le sinistre bourreau, fustigeait à l’envi, rouait, pendait, écartelait. Un jour, le roi François 1er, en personne, fut au rang des spectateurs, avec la reine de Navarre, sa cour et les seigneurs étrangers qui leur faisaient cortège : on exécutait le comte de Montécuculli, condamné à être à tiré et desmembré à quatre chevaux, et après, les quatre quartiers de son corps pendus aux quatre portes de la ville, et la teste fichée au bout d’une lance qui seroit posée sur le pont du Rosne ».

Combien d’événements se sont déroulés dans ce cadre restreint ! Il n’en reste plus d’autres témoins que ces belles demeures du xve et du xvie siècle, presque toutes à deux corps de logis, avec galeries en pierre et tourelles ; leurs élégantes fenêtres à croisillons diraient bien des choses émouvantes, si elles pouvaient parler. Voici les enseignes du Lion d'or, du Chapeau blanc, du Mouton ; plus loin, pend celle des Quatre Rois. Ce sont des hôtelleries. En voilà une autre : le Grand Cheval Blanc, avec son joli groupe en haut relief, peint et doré, représentant un cheval sellé et caparaçonné, que conduit un valet où un page costumé à la mode de Louis XII ; ce fut l’hôtel de Pomponne Trivulce, lieutenant du gouverneur, au temps de la terrible rebeyne de 1529 : traqué par la populace, Pomponne s’enfuit par les toits, gagna le monastère des Jacobins, puis celui des Célestins et, traversant la Saône, alla chercher un refuge derrière les murailles du cloître de Saint-Jean. — Aux rez-de-chaussée des maisons, ce sont des boutiques et des ouvroirs de tourneurs : A l'Eclappe, A Sainct-Claude. C’est ici, peut-être, que Rabelais remarqua