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le lyon de nos pères

et des couteaux, des épées et des poignards, des fers et des mors de chevaux. Les boutiques des merciers renferment toutes les marchandises d’utilité courante, et même celles de luxe, les joyaux, l’orfèvrerie. Et, tout le long de la rue, c’est la curieuse perspective des enseignes accrochées à leurs potences de fer et arrêtant, à chaque pas, le regard par la variété de leurs sujets, de leurs formes et de leurs couleurs ; ce sont les sollicitations des marchands, les invites de jolies boutiquières : « Vous faut-il des éperons, monsieur ? Peut-être un porte-épée ? Ou bien une écritoire, des boîtes, des étuis ? »

Mais le plus important commerce de la rue Mercière est celui des livres et des images ; il n’a son égal en aucune autre ville. Pas une de ces maisons qui ne soit ou n’ait été occupée par une imprimerie où une librairie. À l’angle de la rue Thomassin, que venait d’ouvrir Claude Thomassin, conservateur des privilèges des foires, demeurait, au commencement du xvie siècle, le fameux Sébastien Gryphe, qui avait fait sculpter sur la porte sa marque d’imprimeur : un griffon sur un cube, lié par une chaîne à un globe ailé, avec la devise Virtute duce, comate Fortuna. À un angle de la rue Ferrandière, voici, à l’enseigne du Nom de Jésus, la boutique de librairie de Jean Caffin et François Plaignard, successeurs de Jean Pillehotte, le riche seigneur de la Pape et de Crépieu ; à l’autre angle et à l’enseigne du Nom de la Trinité, c’est l’atelier de l’imprimeur-libraire Antoine Pillehotte. De l’autre côté, à l’angle sud-ouest de la rue Mercière (n° 68) et de la rue de la Monnoye, cette opulente demeure, d’architecture massive et bien lyonnaise, avec ses belles croisées à meneaux, sa cour à galeries et les curieuses dispositions de son escalier, était celle du célèbre libraire Horace Cardon, mort en 1641 ; elle fut construite, il y a juste cent ans, sur l’emplacement de la « cave » ou cellier de l’abbé d’Ainay, par le grand imprimeur Hugues de la Porte, dont nous apercevons les armes à la clef d’un arc donnant sur la petite rue de la Monnoye. — Après le couvent des Antonins,