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le lyon de nos pères

Il y a aussi des jardins au milieu de l’ilot entouré de constructions, qui est formé par la rue de Notre-Dame de Confort, la Grande rue de l’Hôpital et la rue Paradis. — Au côté occidental de la rue de la Belle-Cordière (rue de la République) et au midi de la rue de Notre-Dame de Confort, c’est une rangée continue de maisons, accompagnées de parterres au couchant. Tout le reste du tènement, jusqu’aux enclos des beaux hôtels de Bellecour (à peu près jusqu’à la rue Simon-Maupin}, est la propriété, déjà beaucoup moins vaste qu’elle ne l’était autrefois, des Jacobins ou Frères-Prêcheurs.

Leur église, Notre-Dame de Confort, s’étend, régulièrement orientée, au long de la petite place, avec ses contreforts, la tour carrée de son clocher aux grandes baies élancées et surmontée d’une élégante galerie à jour. Deux portails bas, en ogive, placés côte à côte, s’ouvrent à l’extrémité occidentale, dans la partie conservée de la vieille église du xiiie siècle, à quelques pas de l’entrée du monastère, qui est située sur la rue tendant à Bellecour (rue Saint-Dominique), encore presque entièrement dépourvue de constructions. Pénétrons dans cette basse église, qui sert de vestibule à la grande. Elle est fort obscure, et nous ne distinguons qu’à grand’peine deux tableaux que l’on dit remarquables : l’un est une Assomption, de Simon Vouet ; l’autre, placé en face de la porte, représente la Vierge et l’Enfant-Jésus dans une gloire et, au bas, les Rois Mages et plusieurs saints de l’ordre de Saint-Dominique : il est de Théodore van Tulden, un des meilleurs élèves de Rubens. Sous une voûte, deux lignes gravées dans

la pierre nous apprennent que là se trouve le tombeau des comtes d’Albon, qui ont donné à la cité des archevêques et des gouverneurs ; à côté, sont les épitaphes et les armoiries de François Rubys, bourgeois et marchand de Lyon, et de son fils, l’historien Claude Rubys, avec cette devise : la vray amour est toviovrs vive — et ne mevrt point par le trespas. Sous cette même voûte, on lit, sur un tombeau recouvert d’une pierre carrée : ci est la sépultvre des allemans imperiavlx. Depuis plus de deux cents ans, les Allemands qui meurent à Lyon se font inhumer dans l’église des Frères-Prêcheurs ; il en est de même en Italie, à Bologne et à Sienne, où les Allemands qui succombent en voyage sont enterrés dans les églises de Dominicains. Une aigle de bronze, insigne de l’Empire, qui ornait ce monument, a été enlevée par une main sacrilège. Plusieurs Médicis avaient aussi leur sépulture dans cette basse église ; il ne subsiste que celle de Marie de Médicis, femme de Lyonnet Rossi ; les autres furent détruites par le baron des Adrets, lorsque, pour élargir l’ancien passage dont il a fait une rue, le chef calviniste fit démolir deux chapelles, « dont l’une estoit le cueur devant Notre-Dame de Confort, bâti d’ouvraige excellent par les seigneurs de Médicis ». — Au fond de cette petite église, c’est-à-dire au midi, une chapelle a été récemment cédée à la confrérie des maîtres teinturiers.