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le lyon de nos pères

premier duc de Savoie, qui, désirant « échanger des biens terrestres et périssables contre des biens célestes et éternels » — et réalisant ce qui avait été, si l’on en croit la tradition, révélé en songe, plus d’un siècle auparavant, à Pierre de Mouron, fondateur de l’ordre des Célestins, une nuit où il avait reçu l’hospitalité des Templiers de Lyon -, donna tout ce tènement aux disciples de ce dernier, pour y créer un monastère et construire une église qui serait dédiée à la Vierge sous le vocable de l’Annonciation : c’est pourquoi l’église des Célestins est consacrée à « Notre-Dame de Bonnes-Nouvelles ». Peu de temps après la fondation du monastère, dont le P. Jean Gerson fut le premier prieur et où son frère, le pieux chancelier de l’Université de Paris, vint chercher un asile à sa rentrée en France, ce sanctuaire devint un lieu très fréquenté de pèlerinage ; un grand nombre de guérisons sont encore attribuées à la Vierge de Bonnes-Nouvelles.

Ayant franchi le portail du Temple, nous nous trouvons dans un large promenoir, qui conduit, à gauche, vers les bâtiments du monastère ; devant nous, de magnifiques jardins, coupés de grandes avenues, s’étendent entre les enclos de Bellecour et les parterres des maisons, encore peu nombreuses, bâties sur des terrains qui faisaient autrefois partie du claustral des Jacobins et qu’ils ont aliénés depuis l’ouverture, par le baron des Adrets, de la rue tendant de Bellecour à la place Confort (rue Saint-Dominique, place des Jacobins) ; au nord, les jardins des Célestins enveloppent l’église, les dépendances du monastère, et sont limités par les cours des maisons qui donnent sur la rue Ecorche-Bœuf et sur le Port-du-Temple. Les bâtiments s’élèvent du côté de la Saône, laissant, au long de la rivière, un quai qui va s’élargissant jusqu’en face des escaliers du Port. Ce sont, d’abord, ceux de la façade, dont il n’existe encore qu’une première partie, construite en 1636 ; puis, le cloître reconstruit à la suite d’un incendie, au commencement du xvie siècle, par me cardinal d’Amboise, dans le goût italien de la Renaissance, dont l’illustre prélat fut en France le premier initiateur, et achevé après sa mort par Claude Laurencin. Sous les arceaux des galeries, parmi d’autres religieux vêtus de