Page:Le Lyon de nos pères - Emmanuel Vingtrinier.pdf/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
le lyon de nos pères

rue du Garet, sur les courtines du Rhône, dans l’emplacement d’un jeu de paume situé derrière le jardin de l’Hôtel de Ville. Mais, après un quart de siècle, cet édifice sera réduit à un tel état de ruine, que le Consulat en vendra le terrain pour en affecter le prix à la construction d’un nouveau théâtre, celui de Soufflot.

A l’extrémité orientale de la rue des Ecloisons, qui autrefois longeait intérieurement le rempart de la Lanterne, élevé au bord méridional des anciens fossés des Terreaux, on remarque, parmi les bâtisses édifiées sur les courtines, les vestiges d’une vieille tour appelée la Tourette, laquelle formait, vers le Rhône, la tête de l’enceinte fortifiée. Nous retrouvons, à partir d’ici, les nouveaux remparts construits en zigzags et flanqués d’échauguettes. Au débouché de la rue basse et bourbeuse (plus tard rue Puits-Gaillot) qui vient de la place des Terreaux et longe, au nord, le Jardin de la Butte, s’ouvre, dans un redan de la muraille, la porte des Terreaux ou de l’abreuvoir du Rhône (voir le dessin, p. 127). C’est près de là que se trouvait la Tour des Serpents, qui se dressait à l’angle nord-est des anciens fossés. — Continuant notre route vers le nord, nous côtoyons au couchant quelques jolies maisons récemment bâties, avec des enclos de jardins, et nous arrivons au « quay des Feuillants », planté d’une double rangée d’arbres et dominant un éperon d’énormes rochers (partie nord de la place Tolozan), sur lequel est assis le rempart, formant à cet endroit une vigoureuse saillie. Devant cet éperon, une grande ile de gravier et de vorgines enserre un bras du Rhône, où tournent encore les roues de quelques moulins ; c’est au pied de ces rochers, qu’on établira, dans peu d’années, la pompe qui alimentera les fontaines de l’Hôtel de Ville. En amont, dans le redan du rempart, c’est le port Notre-Dame ; on y descend par une porte monumentale, ornée de sculptures dans le goût de Louis XIII (Voir le dessin ci-dessus, p. 156.)

C’est derrière cette partie du rempart que se trouvent l’église et l’enclos des Feuillants, religieux réformés de l’ordre de Citeaux, établis là en 1620. L’église, élevée par les libéralités de l’abbé d’Ainay, Charles de Neufville, et dédiée à son patron, saint Charles Borromée, n’est achevée que depuis très peu de temps ; elle ne sera solennellement consacrée qu’en 1659, l’année même où Camille de Neufville fondera, au-dessus de la place Croix-Paquet, le Séminaire de Saint-Irénée. Cette église est d’une extrême simplicité. Quatre tableaux d’Horace Le Blanc, représentant des saints à demi-corps, ornent la portion de la nef réservée au public. Au-dessus du grand-autel, sur une toile du même peintre, figurent saint Charles Borromée, Notre-Dame et saint Bernard. Le chœur des religieux est derrière cet autel. À droite, une chapelle, dédiée à saint Irénée, a été fondée par les Scarron, qui l’ont fait magnifiquement décorer par Horace Le Blanc : à la voûte, est peinte la Gloire du Paradis, et sur les parois latérales, l’histoire des Martyrs de Lyon ; le tableau de l’autel montre le martyre de saint Irénée. C’est à l’entrée de cette élégante chapelle, dans un tombeau placé près du maître-autel de l’église, que repose depuis quelques mois le corps de l’infortuné Cinq-Mars, exécuté sur la place des Terreaux avec son ami de Thou, l’un et l’autre victimes de la haine de Richelieu. (V. ci-dessus le dessin, p. 154.) — Le claustral n’est pas encore construit ; la première pierre n’en sera posée qu’en 1662 ; bientôt après, s’élèveront des bâtiments considérables, desservis par un escalier monumental, carré, à dix-sept rampes, la première conduisant dans la cour du cloître et les autres aux différents étages (l’escalier et treize arcades existent encore). Le Consulat acceptera le titre de fondateur et