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le lyon de nos pères

Saint-Paul, Guillaume du Garet, Jérôme Ménié. Mais le populaire, amoureux de pittoresque, se plait aux dénominations tirées de singularités frappantes ou d’objets qu’il a constamment sous les veux : c’est ainsi que la rue Henri prendra le nom de rue du « Verd-Galant », d’une enseigne à calembour représentant un jeune et beau cavalier en justaucorps vert, et tenant un verre à la main. De son côté, à ce que l’on assure, la rue de l’Arbre-Sec devrait son nom, qui date au moins du xive siècle, à ce que l’on voyait jadis, vers l’une de ses extrémités, un arbre mort ; plus tard, une enseigne, s’emparant de cette particularité connue de toute la ville, aura figuré l’arbre sec, surmonté de deux étoiles, qui perpétue le nom de cette ancienne rue.

A l’est de la rue du Garet et au midi de la rue des Ecloisons (rue Lafont), dans un vaste emplacement où les Médicis eurent un hôtel au xve siècle, nous trouvons le couvent des religieuses Bernardines, fondé en 1641. — Lorsque, vingt ans plus tard, celles-ci abandonneront la rue du Garet pour aller s’établir sur la côte Saint-Sébastien, elles y seront remplacées par la communauté des Missionnaires de Saint-Joseph, formée par le chirurgien lyonnais Jacques Cretenet pour faire des missions dans les campagnes. L’église de ces missionnaires, construite par le marquis et la marquise de Coligny, qui s’y feront enterrer, s’élèvera à l’angle de la rue des Ecloisons, en face du Jardin de la Butte, qui sert aux exercices des arquebusiers de la ville, et qui sera devenu le jardin du nouvel Hôtel de Ville (emplacement du Grand-Théâtre et de la place de la Comédie} ; le sanctuaire sera décoré sur les dessins de Blanchet, qui y peindra cinq tableaux, dont l'un, l'Adoration des Mages, comptera parmi ses meilleures œuvres.

C’est à côté de la maison des Missionnaires de Saint-Joseph, et dans cette même rue du Garet, que l’on créera bientôt la première salle permanente de théâtre, mais d’une manière si défectueuse qu’elle sera incendiée trois fois et qu’après le troisième sinistre les Missionnaires obtiendront l'éloignement d’un voisin si dangereux. Transférée à Bellecour, d’où elle sera chassée par l’inondation de 1711, installée en 1713 sur la place du Gouvernement, où elle sera encore à deux reprises dévorée par les flammes, la salle de spectacle reviendra, en 1728, à son point de départ et sera reconstruite, à quelques pas de la