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le lyon de nos pères

s’étend jusqu’à la chaine des Alpes. Du sommet d’une tour très élevée, qui se dressait en tête d’un grand bâtiment, on découvrait, en outre, toutes les maisons et les rues de la ville.

Le Collège devint bientôt si prospère qu’il fallut songer à l’agrandir. Renvoyés, en 1595, par suite d’un art du Parlement de Paris, les Jésuites

s’occupèrent, dès leur réintégration, en 1604, de le reconstruire, d’après les plans du P. Etienne Martellange. Le Consulat y participa pour 6000 Livres. On supprima le prolongement de la rue Mulet, et l’on acquit divers immeubles jusqu’à la rue Pet-Estroit. La première pierre du nouveau Collège était posée en 1607. L’église, commencée dix ans plus tard, était consacrée en 1622, et François de Sales y prêchait la même année, peu de jours avant sa mort. Flanquée de quatre grosses tours, celles de la façade formant avant-corps, elle se détache en silhouette le long de la Neuve, au midi de la première cour. A la suite, sur la rue Henri (rue de la Bourse), s’ouvre la porte du Collège, ayant au fronton cette inscription, datée de 1619 : Collegium Trinitati sacrum… et les armoiries de la ville. — Entrons dans l’église. L’intérieur est encore très simple : la voûte en arêtes est dessinée par des arcs-doubleaux reposant sur de gros pilastres toscans couronnés de six arcades à plein cintre ; dans le renfoncement de ces pilastres, s’alignent douze chapelles fondées par de pieux citoyens : Jérôme de Cotton, Henri Forendal, Jean Sageot de Chavagneux et sa femme

Suzanne Cléberg, Lucas et Philippe de Sève ; plusieurs sont ornées de retables à quatre colonnes corinthiennes en pierre rouge ; dans lune d’elles, dédiée à saint Louis, roi de France, on remarque un tableau du saint, par Horace Le Blanc. Enfin, l’église possède des orgues. — Deux Jésuites, Antoine Virys et le frère Labbé, peindront à la voûte des figures symboliques représentant des vertus théologales, cardinales ou intellectuelles : « l’Obéissance, comme aveugle, conduite par un Ange vestu en Amour ; la Mortification, la discipline en main… », et tout autour de l église les instruments des sacrifices anciens, portés par des Amours, des flambeaux allumés, des trompettes, des vases, etc. À cette étrange décoration viendront plus tard s’ajouter une chaire, avec bas-relief de Claude Lamoureux, faite sur Les dessins de Jean Delamonce, ainsi qu’une tribune