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le lyon de nos pères

générale. À droite, sont les restes d’un vieil hôtel que les abbés d’Ambronay possédaient, avec un jardin, « jouxte l’hôtel de Jean Grolier ». Plus loin, la maison de la Grande-Cour, appartenant au fameux Lazare Meyssonnier, médecin du roi. À la rue Thomassin, la Grande-rue de l’Hôpital devient la rue du Puits-Pelu : un vieux puits moussu, qui se trouvait au débouché de la rue Ferrandière, et dont une enseigne conserve le souvenir, a donné son nom à ce tronçon de rue. On y voit pendre la « Truye qui file ». Près de là, « Au Dauphin royal », l’imprimeur Jean-Aimé Candy vend la Gazette de France, de Théophraste Renaudot, et publie, chaque semaine, depuis deux ans, sous le titre de Nouvelles ordinaires, la première gazette lyonnaise, un tout petit journal de deux ou quatre feuillets, mais déjà si recherché que les échevins et officiers de ville, moyennant 120 livres par an, s’en sont assuré le service à domicile, « avant toute distribution au publicq ». La rue du Puits-Pelu est continuée, depuis la rue Ferrandière, par celle du Palais-Grillet — il y avait là jadis un « puits Grilhet », — enfin, de la rue Tupin à la rue de Basse-Grenette, par celle du Charbon-Blanc, dont le nom est emprunté à l’enseigne d’un cabaret, peut-être celui que fréquenta Rabelais et où Bonaventure des Périers a placé une scène de son Cymbalum Mundi.

De cette voie principale, plusieurs petites rues obscures, mal bâties et d’aspect repoussant, tendent, à l’est, vers les courtines du Rhône, Elles sont traversées, du sud au nord, par la rue Grôlée où de la Blancherie, qui, partant de la porte orientale de la Boucherie, est prolongée par la rue de Bon-Rencontre jusqu’à la place des Cordeliers. Entre la Grande-rue de l’Hôpital et la rue Grôlée, voici d’abord la rue Noire (rue Stella}, puis la rue Thézé (rue de Jussieu), qui prendra bientôt d’une enseigne le nom de rue du Petit-Soulier ; voilà plus loin, sur le prolongement oriental de la rue Thomassin, la rue de la Rôtisserie ou du Plat-d’Argent ; enfin, la rue Port-Charlet, qui fait suite à la rue Ferrandière, pour aller aboutir sur les courtines, à l’endroit où se trouvaient, avant la reconstruction des remparts, la porte et le port Charlet. — Outre cette dernière rue, trois ruelles, aux rez-de-chaussée malsains et bâtis sur un sol fréquemment inondé, communiquent de la rue Grôlée aux courtines : ce sont la ruette Pattier ou Mouricaud, prolongement de la rue Thézé (rue de Jussieu), la rue du Tupin-Rompu, dont le nom vient de quelque enseigne ou rappelle le jeu des tupineis jadis en usage à Lyon, et la rue Gaudinière, qui continue jusqu’au Rhône la rue du Plat-d’Argent (rue Thomassin).

Tout ce quartier appartenait jadis à la famille de ce Jean de Grôlée qui, en 1360, fut envoyé en Angleterre pour traiter de la liberté du roi Jean, et dont les succes-