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le lyon de nos pères

puis de neuf, parmi les plus notables bourgeois et marchands de la ville, et renouvelés tous les ans par moitié après deux années de charge.

Cependant, avec les épidémies et la misère, le nombre des malades s’était rodigieusement accru, et l’Hôpital était devenu tout à fait insuffisant. Les salles présentaient un aspect lamentable ; on était contraint « de mettre quatre ou cinq malheureux dans un lit, desquels souvent un se trouvoit mort au milieu, un autre à l’agonie, et les autres fort malades : chose pitoyable à voir et capable d’émouvoir à compassion et commisération les cœurs les plus endurcis ». Ainsi entassés, les pauvres êtres ne respiraient qu’une atmosphère pestilentielle, provenant de l’émanation des charniers et des cloaques voisins. Une telle détresse ne pouvait se prolonger davantage. Dès l’année 1608, les recteurs avaient résolu d’agrandir le claustral : ils achetèrent dans ce but quelques masures sur les courtines du Rhône, un petit jardin sur la Grande-Rue de l’Hôpital, quatre maisons et un jardin rue de la Blancherie (rue Grôlée). Mais les ressources manquaient pour construire : les recteurs s’adressèrent au

gouverneur (1619) et le supplièrent de convoquer les notables, afin de mettre sous leurs yeuxl’état déplorable du Grand-Hôpital. Dans cette ville où tant de générosité s’était déjà manifestée, où depuis dix ou douze ans les libéralités des citoyens avaient permis d’élever plusieurs églises où monastères, et surtout le magnifique hôpital de la Charité, il était impossible qu’un pressant appel ne fût pas entendu. On se mit à l’œuvre. Un recteur, César Laure, issu d’une famille milanaise établie à Lyon depuis un siècle, fit un projet d’agrandissement, qui était une œuvre de génie : les onstructions, autorisées par le Consulat en 1622, l’année même où les pauvres étaient installés à la Charité, furent commencées année suivante, au moyen d’une avance de 300 livres consentie par chacun des recteurs en exercice, qui en firent l’abandon à leur sortie de charge, exemple suivi par leurs successeurs. Puis, on eut recours à des quêtes, on alla frapper à toutes les portes, pour trouver les fonds nécessaires au paiement des matériaux et des ouvriers. Bientôt, les dons affluèrent ; plusieurs particuliers, anciens recteurs, négociants où magistrats, tels que Pierre Charrier, trésorier général de France, le trésorier Saint-André, les recteurs Lentillon, Claude Pellot, seigneur Dupordany, et son fils, seigneur du Sandars,