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le lyon de nos pères

personnel, la lingerie, la boulangerie, des entrepôts et divers ateliers. Au milieu de ces dernières bâtisses, il y a encore des cours : une partie de jardin est réservée aux apothicaires pour la culture des simples destinés au service de la pharmacie ; quelques toises carrées de terrain sont consacrées, ici, à la sépulture des pauvres — charnier infect qui sera prochainement supprimé, — et plus loin, au cimetière des protestants ; rien de plus lugubre que l’inhumation des réformés : sous l’escorte de soldats du guet, les corps des défunts sont apportés de nuit, introduits par une porte qui s’ouvre sur la Grande-Rue de l’Hôpital, et

enterrés à la lueur des flambeaux. — Enfin, contiguë àl’enceinte de l’Hôtel-Dieu, s’étend la Boucherie fermée de l’Hôpital, dont les recteurs sont propriétaires et perçoivent les loyers, et qui a été construite au moyen de souscriptions particulières fournies par des citoyens notables, même par les Allemands et les Suisses résidant à Lyon. C’est une double rangée de boutiques renfermant les tueries el les étaux, et séparées par véritable cloaque où coulent des ruisseaux de sang. À l’arc de chaque boutique figurent les armes du donateurs ; on voit l’aigle impériale sur la troisième du côté nord, et l’ours de Saint-Gall sur la quatrième. C’est cette boucherie qui approvisionne toute la partie méridionale de la presqu’ile.

Tel que le voilà, combien notre vieil Hôpital n’est-il pas déjà différent de ce qu’il fut au moyen âge, lorsque, lié à l’œuvre du pont du Rhône, il dut en subir toutes les vicissitudes, tour à tour sous la direction des Frères pontifes, des religieux de Hautecombe, puis de ceux de Chassagne ! Près d’un siècle et demi après que l’administration de cet établissement charitable eût été séparée de l’entreprise du pont, qui absorbait la plus grande partie des libéralités, l’Hôpital de Notre-Dame-de-Pitié ne comprenait encore qu’un bâtiment délabré, pour les malheureux, une chapelle, et une maison pour les religieux, avec un courtil ; deux religieux et quelques servants composaient tout le personnel. Ce fut la terrible peste de 1478 qui décida le Consulat à prendre en mains la gestion de cette œuvre si importante d’utilité publique. Peu à peu, avec le produit des quêtes et des aumônes, on put réparer les bâtiments ; les échevins organisèrent un service et des salles pour les malades. Les dons se multipliant et l’administration du bien des pauvres exigeant plus de soins, le Consulat créa l’institution des recteurs, choisis par lui, d’abord au nombre de six,