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le lyon de nos pères

La magnificence de Bellecour, l’air, l’espace, la salubrité, les agréments qu’offriront les nouveaux quartiers, le goût du confortable et des habitations spacieuses, secondé par des architectes de grand talent, toutes ces causes réunies détermineront l’émigration de la noblesse, des gens de robe et de finances, qui abandonneront leurs vieux quartiers pour se porter sur les territoires de Bellecour et du Plat. Au milieu du xviiie siècle, ces territoires seront déjà aux trois quarts couverts d’habitations. Rue de l’Arsenal, s’élèvera l’hôtel de Jouys, avec ses salles peintes par Bidault, ses sculptures de Julien et ses admirables boiseries (25, rue du Plat, Université catholique). Rue Sainte-Hélène (n° 30), l’hôtel Denis de Cuzieu : contigu à ce dernier, celui de Lacroix-Laval, bâti d’après les plans de Soufflot, sur la partie de la rue de la Charité que l’on viendra d’ouvrir jusqu’au rempart (1737-1738). A l’angle de cette rue (n° 34) et du cours ombragé de tilleuls, dans une situation charmante, Claude Bertaud de la Vaure, voyer de la ville et capitaine du Jeu de l’Arc en main, se construira la superbe demeure décorée avec goût (belles boiseries au rez-de-chaussée), qui deviendra l’hôtel du Gouvernement ou hôtel de Villeroy, et plus tard l’hôtel de la Monnaie (depuis 1872, l’Ecole supérieure de Commerce). En face de l’hôtel de Lacroix-Laval et contigu à la chapelle des Pénitents de Saint-Charles, l’hôtel de Nervo, terminé par une terrasse triangulaire, et dont les salons, ornés d’élégants trumeaux, auront vue (rue actuelle de Fleurieu), par-dessus le rempart, sur le cours du Rhône. Bref, à la veille de la Révolution, les résidences du gouverneur, du commandant de la ville, de l’intendant, des principaux magistrats et de la plupart des familles nobles se trouveront réunies dans le quartier de Bellecour.