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le lyon de nos pères

religieuses, retirées à Lyon depuis 1637, ont conservé le nom de leur ancien prieuré de Bresse. Logées provisoirement dans le quartier Saint-George, elles ont récemment acquis ces terrains au long de la place Bellecour, pour y bâtir leur couvent et leur église. Celle-ci, placée sous le vocable de Notre-Dame des Anges, aura sa façade, un peu en retrait de la rue du Peyrat, vis-à-vis des Tilleuls (à l’entrée et dans l’axe de la rue Victor-Hugo) ; le principal ornement de cette église sera le tableau du grand autel, les Bergers à la Crèche, d’André Camassei, élève de l’Albane. Les Bénédictines de Blie seront toujours fort peu nombreuses : leur monastères sera supprimé en 1750. Huit ans après, à l’angle de la rue Saint-Joseph, Toussaint-Noël Loyer, élève de Soufflot, construira l’hôtel Dervieu de Varey, remarquable par la correction de son style et l’harmonie de ses proportions.

Du côté oriental de la rue Saint-Joseph, ce terrain clos de murs, avec une grande maison au centre, situé entre la rue Sala, la rue Laurencin et celle de la Charité, appartient à Charles Dumoulin, seigneur de la Bouthière. C’est là que se créeront, côte à côte, la maison des Filles-Pénitentes et celle des Recluses, fondées en 1654 par une association de notables citoyens, sous le patronage d’Antoine de Neufville, abbé de Saint-Just, vicaire général de l’archevêque. La maison des Filles-Pénitentes ou Repenties, administrée par des directeurs séculiers et gouvernée par des religieuses de la Visitation de Sainte-Marie, recevra, moyennant une dot, les filles de famille d’une conduite légère. Les bâtiments occuperont le côté de la rue Laurencin. (Ils existent encore sur la rue

François-Dauphin, avec la belle porte d’entrée flanquée de deux colonnes surmontées de cariatides ; le réfectoire fait partie du presbytère de Saint-François, 11, rue Saint-Joseph}. — La Maison de Force ou des Recluses, contiguë à la précédente, du côté de la rue Sala, sera destinée à la correction des filles et femmes de mauvaise vie, sous la direction de sœurs de Saint-Joseph. — On construira en 1688, sous le vocable de sainte Marie-Magdeleine, une chapelle, commune aux deux établissements, qui deviendra, après le Concordat, le berceau de la paroisse de Saint-François. — Convertie, pendant la Révolution, en salles d’arrêts et en cachots, la prison des Recluses recevra les « suspects » et enfermera jusqu’à douze cents Lyonnais arrêtés après le siège. Sous le Consulat, elle sera affectée au Pénitencier militaire.

A l’angle nord-est de la rue Saint-Joseph (no 9) et de la rue Laurencin, est la maison où les religieuses de l’Annonciade, appelées les « Bleues-Célestes » à cause du scapulaire bleu qu’elles portent sur leur habit blanc, vinrent s’établir en premier lieu, dès l’année 1624, à la demande de Gabrielle de Gadagne. Ce tènement