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le lyon de nos pères

viendront en foule prier dans la chambre du saint, quand celle-ci aura été transformée en oratoire. Une petite rue bordée de murs, dont cette habitation occupe l’angle méridional, communique de la rue Sainte-Hélène à la rue Sala ; appelée rue Saint-Maurice, en mémoire de Maurice du Peyrat, fils de Jean et de Claudine, elle prendra plus tard, du monastère voisin, le nom de Sainte-Marie, et recevra au vxiiie siècle celui de Saint-François-de-Sales.

La rue Sainte-Hélène se prolonge entre un enclos au nord et les magnifiques jardins de l’abbaye d’Ainay, jusqu’au portail monumental qui s’ouvre à l’extrémité sud de cette rue, sur une espèce de petite place, et qui donne accès dans ces jardins par une large et ombreuse avenue (située dans le sens et sur l’emplacement de la future rue Vaubecour).

Devant nous, au couchant, apparaissent, par-dessus de vieilles maisons basses, l’abside et le pauvre clocher de l’antique église de Saint-Michel, fondée au ve siècle, pour un monastère de filles, par la reine Carétène, mère de Gondebaud, laquelle passa les dernières années de sa vie dans ce couvent, y fit, dit-on, élever la reine Clotilde, et y fut inhumée. L’emplacement de l’ancien bourg de Saint-Michel qui s’était formé peu à peu autour de l’église, et qui ne faisait pas encore partie de la ville en 1388, est étroitement resserré, sur le bord de la Saône, entre le monastère de Sainte Claire, au midi, et la muraille de l’Arsenal, au nord. Une ruette conduit au cimetière, situé au chevet de l’église ; celle-ci est entourée de masures, qui forment devant sa façade, au couchant, une sorte de cul-de-sac de dix pieds de largeur, fermé par une porte et communiquant en retour d’équerre à la petite rue de la Colombe (aujourd’hui rue Sainte-Colombe), laquelle, partant de la rue Sainte-Claire, contourne au midi l’agglomération de vieilles bâtisses qui enceignent l’église, et va aboutir, par un étroit passage, au port Saint-Michel, derrière l’enclos du monastère des Clarisses. Enfermée dans cet espace exigu, sans autre accès que le cul-de-sac de sa façade, la vieille église de Saint-Michel, plusieurs fois détruite pendant les invasions des barbares, rebâtie en 1109 par un simple prêtre, est de plus de moitié moins grande que celle d’Ainay ; elle n’est pas voûtée, et se trouve dans un état lamentable de misère et de délabrement ; l’espèce de pignon qui porte le nom de clocher n’abrite qu’une petite cloche de couvent, tout à fait insuffisante pour le service d’une paroisse qui embrasse tout le territoire compris depuis le confluent jusqu’à la place Confort, et qui s’étend même à la Guillotière, où elle a pour annexe la chapelle de la Madeleine. On ne célèbre la messe, à Saint-Michel, que les dimanches et jours de fêtes, et les offices s’y font aux mêmes heures qu’à l’abbaye d’Ainay, afin que les cloches sonnent pour les deux églises à la fois. Beaucoup trop petite pour ce quartier qui va se peupler rapidement, l’église de Saint-Michel sera an peu agrandie, en 1666, par l’addition de petites chapelles latérales, en même temps que l’on voûtera la nef, que l’on fera un clocher et construira une maison curiale. Mais elle est appelée à disparaître pour laisser place à sa puissante voisine du confluent. Dans cinquante ans, après la sécularisation de l’abbaye, le service paroissial sera transféré à Ainay (1690), et l’antique église de la reine Carétène sera supprimée et, bientôt après, démolie. (Voir plus haut la note, p. 115.)

Au nord de l’église Saint-Michel, voici l’Arsenal. Il occupe les terrains de l’ancien fief de la Rigaudière, que Raffec de Balzac, seigneur de Châtillon-d’Azergues, gentilhomme de la chambre du roi, concéda en 1536 à François Ier pour en faire le dépôt de l’artillerie royale. Les granges de la Trinité, au bord du Rhône, où celle-ci était précédemment installée, n’offrant plus un espace en